« À cause d’elles justement »

07/04/2014 Bonjour à toutes et à tous,

À cause d'elles justement - Crédit photo izart.fr

À cause d’elles justement – Crédit photo izart.fr

Je ne sais pas pourquoi, mais le film que j’ai vu hier, Les gazelles de Mona Achache, a du me travailler durant la nuit…

Ce matin au réveil, j’ai rembobiné le film dans ma tête jusqu’à ce que le scénario bloque, à cause d’elles justement.

À ce moment, l’actrice répond à son amie qui évoque sa solitude de mère : « Oui, mais toi, tu n’es pas seule, tu as ton fils… »

Et bizarrement, dans ma tête cette nuit, s’est fait un curieux amalgame entre ce film et la guerre

Évidemment, on est en pleine commémoration, mais mon cerveau a fait une drôle de connection quand même.

Il m’a soudain semblé que notre société contemporaine stigmatisait beaucoup les femmes seules avec enfant(s).

Alors qu’on vient à peine d’éponger deux guerres qui ont engendré beaucoup de femmes seules avec enfant(s), les veuves de guerre.

La guerre de 1914/18 a laissé, en France, près de 700 000 veuves de guerre et 900 000 orphelins.

Sans parler de la guerre de 1939/45 dont il n’y a que peu de données concernant le nombre des veuves de guerre.

Les familles monoparentales étaient donc très fréquentes autrefois, situation malheureusement liées au décès d’un des parents, le plus souvent le père.

En 1962, 55 % des parents à la tête d’une famille monoparentale étaient des veuves ou des veufs, le chiffre tombe à moins de 10% en 2005.

En 1968, 7,7% des enfants de moins de 25 ans vivaient dans une famille monoparentale.

En 2005, le chiffre passe à 17,7%.

Actuellement, une famille sur cinq est composée d’enfants et d’un seul parent, qui est la mère dans 90 % des cas.

Et ces toutes femmes cheffes de famille, elles ont vite trouvé des emplois hors de la maison pour continuer à faire bouillir la marmitesurtout en période de guerre.

Tout n’a reposé que sur une seule personne, on était déjà en plein modèle de famille monoparentale.

Durant ces années de guerre et celles qui ont suivi, on n’a cessé de les considérer comme des mères courage, des mères exemplaires.

Ce qui me gêne, c’est le jugement qu’on porte aux femmes d’aujourd’hui, très nombreuses aussi à élever seules des enfants.

Et on ne tient finalement que très peu compte des difficultés qu’elles rencontrent, tout juste si on guette l’échec scolaire, affectif ou social des enfants issus de ces familles…

Le changement, du veuvage au divorce, laisse bien apparaître la façon dont la société juge les femmes d’après leur statut…

Mais ne les retrouvent-elles pas, dans les deux cas, ces mêmes difficultés économiques, familiales, éducatives ?

Et il n’apparaît pourtant pas que l’on se soit penché de la même façon suspicieuse sur toutes ces veuves, seules à élever leurs enfants…

La différence ne résiderait-elle pas dans le fait que le veuvage d’autrefois était subi par les femmes et que le divorce d’aujourd’hui soit choisi par elles ?

C’est peut-être ça le malaise que j’ai enregistré, celui de générations de femmes seules avec enfants, qui ont subi une expérience traumatisante… mais en silence autrefois.

Un peu comme si une transmission intergénérationnelle continuait d’opérer en douleur dans la vie des femmes…

L’une comme l’autre sont d’immenses sources de blessures dans la vie d’une femme.

Deuil, Divorce, Déménagement, on appelle ça la règle des 3D, comme causes principales de traumatisme.

Pas de peine à le croire…

Bien à vous,

Isabelle

PS : La Petite chronique du 1er Avril, elle était grosse comme un poisson, bien sûr 🙂