« A onze ans et demi elle a quitté sa mère »

14/11/2017 Bonjour à toutes et à tous,

A onze ans et demi elle a quitté sa mère - Crédit photo izart.fr

A onze ans et demi elle a quitté sa mère – Crédit photo izart.fr

Ça sonne comme du Zola, mais c’était il y a à peine plus de soixante dix ans.

Et B. raconte encore avec la gorge nouée comment à onze ans et demi elle a quitté sa mère, pour partir aider sa grand-mère dans un lointain département.

« – Mais tu n’allais plus à l’école ?

– Au début, j’y suis un peu retournée chez ma grand-mère, mais après, j’avais trop de travail.

– Tu travaillais ?

– Oui, je lavais les draps, à la main, il fallait les brosser aussi… c’était pour les clients de ma grand-mère qui avait des locations.

– Hou là là, ça devait être terrible…

– Et même une fois, une fois une femme m’a ramené une pièce à repasser, elle n’était pas contente !

– …

– Et tout l’argent que je gagnais, il était envoyé à mes parents

– Mais ça devait être horrible de quitter ta famille à cet âge-là pour aller travailler 🙁

– Oui… et je partais jusqu’en Juin, où c’était ma soeur qui me remplaçait. Je me souviens même qu’une fois, je pleurais tellement au moment de repartir, qu’on a envoyé ma soeur à ma place.

– Et pendant combien de temps as-tu fait ça ?

– De mes onze ans et demi à mes vingt ans… »

Ah, le bon vieux temps, comme je commentais l’autre jour 🙁

J’en ai froid dans le dos de ces gamins qui quittaient leurs familles et étaient placés pour aller bosser…

Pas étonnant qu’ils aient des santés si fragiles à l’aube de la vieillesse.

Et le corps abîmé par les carences, hanté par les plaintes, meurtri par le travail précoce.

Le plus frappant, c’est le mauvais état de leur dentition, ou ce qu’il en reste…

Le diabète aussi.

Bon, vivement le printemps car B. a promis de nous emmener ramasser les champignons, les asperges sauvages et autre délices de la nature dans son village natal tout proche.

En attendant, nous l’entraînons à monter et descendre dans la montagne, le plus souvent possible 😉

Et aujourd’hui, grande première, elle a fait la boucle d’une heure trente sans pause.

Même qu’on a un peu couru à la fin, en voyant arriver au loin la voiture rouge de l’infirmière, et que c’était… pas elle !

Mais paraît que la sortie lui a été profitable, car sitôt rentrée, elle s’est allongée sur le canapé et s’est assoupie pendant deux heures 🙂

Bien à vous,

Isabelle