« Les mains dans les casseroles – Suite »

30/08/2016 Bonjour à toutes et à tous,

Les mains dans les casseroles - Suite - Crédit photo izart.fr

Les mains dans les casseroles – Suite – Crédit photo izart.fr

Cet l’été, je partage avec vous deux textes que j’ai présentés à des concours de nouvelles.
Le premier, écrit en 2015, a concouru en Avril 2016.
Il est ici publié en deux parties dont voici la deuxième, bonne lecture !

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Les mains dans les casseroles – Suite

Ah oui, les odeurs, il en va de la cuisine comme du papier !

Pourtant, les supports se dématérialisent, paraît-il…

Qui pour se rappeler dans le monde virtuel vers lequel nous glissons doucement mais sûrement, des parfums de fruit mûr, de livre ancien, mais aussi de craie humide, de cire chaude, de pain frais ?

Et au diable les disques vinyle, les cassettes audio et vidéo, les livres, les journaux, les ardoises, magiques ou pas ?

Au diable aussi les fruits arrangés sur la tarte, les viandes désossées, les casseroles déglacées, les ragoûts mijotés, les pâtes levées ?

Au diable encore les photos, les diapos, et autres albums de famille ?

De cette époque, où je m’essayais aussi à quelques défis littéraires pour pimenter un peu mon quotidien entre révoltée du cœur et rebelle du virtuel, je garde un souvenir amusant.

Joueuse ? Ah oui, j’assume par dessus tout, parce que triste et fauchée, c’est un peu comme pauvre et malade, autant en finir rapidement !

Et ce jour-là, précisément, j’avais en simultané les mains dans la compote et les yeux rivés sur l’objet de ma réflexion.

Pour le côté pratique des choses, sur la porte du frigo, j’avais donc coincé sous un aimant la feuille format A4 avec la phrase imposée par le concours, écrite en très gros caractères.

« Le large chemin qui, tout à l’heure, longeait le bord de l’eau s’en était maintenant franchement écarté et s’était changé en un sentier serpentant entre les buissons épineux. Fallait-il continuer ? Rebrousser chemin ? »

Ainsi, lentement, je m’imprégnais du texte, un peu comme les figues macèrent toute la nuit dans le sucre et la vanille, parfumant la cuisine, avant qu’exhale une sublime odeur de confiture.

Me tournant alors pour porter ces fameuses figues à la cuisson, je compris soudain que j’avais imposé ce travail de réflexion à tous les habitants de la maison, petits et grands…

Et ce que je croyais être un exercice studieux et solitaire, s’était transformé en espace de communication réelle, et en avait inspiré d’autres.

En effet, sur ma feuille format A4, précisément en haut à droite de la phrase imposée par le concours, écrite en très gros caractères, des pattes de mouche, mal assurées mais suffisamment lisibles, avaient posé un seul mot, sans appel « NUL ».

Bien à vous,

Isabelle