« Paie Ta Tournée »

20/10/2016 Bonjour à toutes et à tous,

Paie Ta Tournée - Crédit photo izart.fr

Paie Ta Tournée – Crédit photo izart.fr

Petit Travail Tranquille ne va pas sans Paie Ta Tournée…

L’entreprise avait aussi parfois droit à ce sobriquet.

Parce que faire la tournée c’était aussi l’occasion de prendre des nouvelles des unes et des autres.

Et d’en donner parfois, au comptoir d’un cani, comme on dit sur les Pentes.

Mais ça c’était avant, du temps où à Lyon et comme partout ailleurs, le métier de factrices et facteurs consistait encore à porter tous les mois, à même date, les ASSEDIC et les retraites à de nombreux usagers.

Et en espèces, s’il vous plaît.

Parce que les tournées ou quartiers, comme on les appelle aussi, sont numéroté-e-s, chacun-e est donc affecté-e à la distribution sur la 113 ou sur la 121.

Le 1 en préfixe indique le 1er arrondissement.

Pour l’anecdote, maintenant, on dit sur la T46 par exemple, T comme Tournée.

Et sur certains quartiers donc, plus peuplés de pauvres et de vieux que les autres, parfois on se baladait avec des sommes dépassant les 40000 francs dans la sacoche financière.

Oui, oui, ça aurait fait un peu plus de 6000 euros actuels…

Plus les visites quotidiennes aux grossistes en bijouterie, j’vous raconte même pas.

Mais en fait, la plupart des gens ignorait ce qui circulait, et cela a sans doute sauvé la vie à bon nombre de factrices et de facteurs !

Les femmes étaient bien plus fréquemment la cible de pervers en tout genre, qui, connaissant bien les horaires et les habitudes de tournée, guettaient toute nouvelle recrue.

Ainsi, le curé de l’église Saint Polycarpe prenait-il un plaisir malsain à se coller juste derrière la factrice de remplacement, dans l’allée sombre et crasseuse où il avait sa boîte aux lettres.

Pour lui susurrer à l’oreille 69… joli numéro, vous ne trouvez pas ?… alors qu’elle s’évertuait à retirer le magazine de petites annonces, du nom du département, qui obstruait l’accès aux boîtes aux lettres.

Jamais à court de répartie, le vieux vicieux a entaché la réputation de toute la paroisse parmi les postier-e-s du 1er arrondissement et pourri toutes les oreilles féminines de passage en ce lieu.

Mais depuis, la parole s’est libérée

Bon allez, une dernière histoire glauque et authentique, celle de ce vieillard se revendiquant comme l’inventeur de la machine à vapeur, si si.

A ses dires, principe dérobé par Denis Papin lui-même…

Mais être lourdement handicapé et habiter au cinquième étage sans ascenseur, même dans le beau quartier de l’Opéra, c’était se voir réduit à l’impossibilité de descendre faire des courses.

Il devait survivre sans doute grâce aux services sociaux de la ville qui le ravitaillaient dans la semaine, mais personne d’autre pour l’aider au quotidien.

Quant à son gros chien crasseux, on le devinait à l’odeur, avant même avant que la porte ne s’ouvre.

Evidemment, pas de sortie pour lui non plus…

Bien à vous,

Isabelle