« தண்ணீர் குடி »

24/09/2020 Bonjour à toutes et à tous,

தண்ணீர் குடி ‘est le genre de phrase qu’il vaut mieux connaître quand tu sais que le Tamoul est parlé par environ 80 millions de personnes à travers le monde.

Et majoritairement dans le Sud de l’Inde.

Bon, noté en caractères alphasyllabaires indiens, c’est difficile à déchiffrer தண்ணீர் குடி

Autrement, je peux aussi l’écrire comme cela Taṇṇīr kuṭi.

Mais vous allez être déçu·e·s parce qu’en phonétique ça se prononce [ t ɑ n i k u l i ].

La traduction de ces deux mots est Boire de l’eau, voilà pourquoi c’est une phrase importante à connaître en Tamoul.

Les ammas avec lesquelles je travaille à la déchetterie ont aussi retenu un mot de mon vocabulaire.

Quand je les entends s’esclaffer tout en effectuant le tri des déchets, sans bien sûr les comprendre, je ne peux m’empêcher de leur jeter un regard complice.

Et ajouter blablabla… elles adorent !

La majorité d’entre elles ne maîtrise pas l’anglais.

Donc on rigole beaucoup, elles me racontent des tas de choses incompréhensibles, moi pareil, et tout va bien.

Comme tout le personnel salarié d’Auroville en ce moment, elles ont perdu des heures de travail.

Et pour elles, et le salaire qui va avec, ce qui n’est le cas de partout ici.

Ailleurs, on s’ingénie à leur trouver de l’occupation.

C’est comme ça que l’autre matin, en allant étendre mon linge je me suis offusquée de voir des femmes charrier de gros tas de graviers.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi les ouvriers n’avait pas fini leur tâche et que l’on déléguait cela à elles.

Lorsqu’arriva soudain le gérant, je ne pus m’empêcher de lui poser la question.

Il rétorqua que les femmes, en Inde, étaient habituées à effectuer ce genre de travail.

Sauf que nous sommes à Auroville et pas en Inde, ma réponse fut immédiate..

Il argua alors que les diverses baisses de loyer accordées aux locataires encore présents ne contribuaient plus à faire rentrer suffisamment d’argent en caisse…

J’étais bien sûr l’exemple tout trouvé… et rétorquais que je versais, par ailleurs, une contribution à mon unité de travail !

Mais surtout, la résidence avait recruté de nouveaux locataires en appliquant une politique de demi-tarifs, les piquant au passage à d’autres guesthouses, mauvais calcul…

Cependant, la construction du bâtiment de trois étages destiné à la location de bureaux se poursuivait malgré le lockdown.

Je me souvins alors que Mère, fondatrice d’Auroville, dénonçait avec force le mensonge…

A ce monsieur j’exposais donc que la meilleure économie, d’après mon expérience, c’était l’argent qu’on ne dépensait pas.

Mais quelque part en moi, parallèlementement, se réveillait toute la violence de la grande précarité et des injustices subies, commises par celles et ceux qui détiennent bourse et pouvoir.

Pour la néophyte que je suis, était-ce cela l’esprit de partage d’Auroville ?

Était-ce dans l’œuvre de Mère ou de Sri Aurobindo qu’était développée l’idée d’exploiter plus pauvre que soi afin de préserver ses acquis, enfin… de s’accrocher au vieux monde ?

Mes questions restaient posées…

Bien à vous,

Isabelle