« Ça baratte la nature »

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04/05/2020 Bonjour à toutes et à tous,

Ça baratte la nature, dit aussi La Mère.

Je note cette phrase dans un petit coin de ma tête.

Elle est écrite là, encore au brouillon dans mes notes.

Et soudain la magie de la synchronicité opère.

Je cherche frénétiquement sur le Net la chanson inspirée par la lecture du chapître nocturne.

Elle est là aussi, en bas de mes notes.

Vite, recoller les morceaux du puzzle de ma vie, c’est vital…

Alors, pour le coup, c’est tout un chapître de ma vie qui se tourne.

Mes 20 ans défilent dans l’arrière-salle sombre d’un café arabe, à descendre des bières en rigolant avec des garçons à la peau basanée.

La communauté Nord Africaine est largement installée à Villefranche-sur-Saône où j’ai aussi atterri.

Dans la pénombre, le juke-box sans cesse alimenté par les uns ou les autres, diffuse en boucle ma chanson préférée… Ssendu.

Baratte pour séparer le petit lait du beurre, la chanson kabyle est pleine de métaphore.

Je sors des lectures de Mère une fois de plus brassée, chavirée… barattée !

Idir entonne sa chanson sur scène, la dédiant à toutes les femmes de la terre, mères, sœurs, épouses, filles, grands-mères, tantes…

Je ne savais pas qu’au même moment il était en train de mourir.

Grande est ma tristesse… grande est ma tristesse.

Ta douce voix aux R roulés s’est éteinte à jamais.

Mais je te sens si proche d’un coup… la boucle est bouclée.

Avec la certitude qu’une de mes vies a grandi en Kabylie.

Tout comme une autre s’est ancrée en Italie et en Allemagne bien sûr aussi.

Le Tamil Nadu restera mon coeur battant, un battement de paupières.

Un long roulement de caisse claire accompagne ces retrouvailles funestes.

Traversant la forêt, je fredonnerai encore Ssendu, comme quelques jours plus tôt.

Alors la musique ensemencera la terre indienne rouge, les feuilles, les arbres, le soleil brûlant et bientôt la mer.

Bien à vous,

Isabelle