« C’est pas toujours marrant de sourire »

29/06/2017 Bonjour à toutes et à tous,

Tu es toujours souriante, dit-il en me caressant doucement la joue du dos de la main.

Et ben tu sais, mon p’tit papa, c’est pas toujours marrant de sourire, et encore moins en ce moment.

L’unité où tu as été hospitalisé pour un séjour de 3 semaines est moins loin de la maison, donc c’est bien, je peux venir te voir plus souvent, mais cela implique d’autres contraintes.

Par exemple, l’hôpital ne prend pas en charge le linge des patient-e-s et ton trousseau pour le séjour est plus que réduit, alors c’est un peu compliqué à gérer…

Mais bon, le personnel soignant de l’EHPAD doit souffler de son côté durant ton absence.

Parce qu’avant de partir de là-bas, tu étais particulièrement, comment dire, agité ?

Depuis ta chute dans le fossé où t’ont trouvé les gendarmes, tout s’est accéléré.

Tu ne supportais plus d’être limité dans tes déplacements, tu ne supportais plus les autres résident-e-s, tu ne supportais plus les consignes d’hygiène.

Bref, tu ne supportais même plus tes vêtements pénibles à retirer, et tu t’en es libéré définitivement grâce à une paire de ciseaux…

Et ben tu veux que je te dise, je suis fatiguée !

C’est pour ça que j’ai pris un cliché de cet arc-en-ciel sur le chemin du retour, au moment même où je formulais cette pensée.

Clin d’œil du ciel, la bienveillance de je ne sais qui, merci quand même.

Et puis j’ai traversé à nouveau un gros orage sur la route, et là, quand j’ai levé les yeux en direction des nuages, y’avait autre chose.

Y’avait ce petit, tout petit bout de ciel bleu, si bleu, qui narguait les grosses grappes sombres prêtes à exploser.

Paraît qu’il y a toujours un petit bout de ciel bleu à travers les nuages, disait maman, se référant à je ne sais quelle citation, biblique sans doute.

« – Et ta mère, comment elle va ?
– Elle est morte, maman… en Décembre, tu sais.
– Ah… la pauvre »

Bien à vous,

Isabelle