« Dans le cyclone et coupée du monde »

28/11/2020 Bonjour à toutes et à tous,

A 20:31 précises, je n’avais plus aucune connexion avec l’extérieur.

C’était l’heure de ma dernière communication avec J. sur WhatsApp.

J’étais dans le cyclone et coupée du monde.

L’eau avait réussi à pénétrer dans ma chambre.

Par plusieurs endroits, porte, fenêtre et aussi… trou dans le mur.

Il ne s’était pas fait oublier longtemps celui-là ?

Au dehors on n’entendait plus que d’énormes bourrasques de vent s’abattre sur fond de pluie.

Et pour la première fois depuis le début du cyclone, je trouvais cela impressionnant.

Étrangement, je n’entendais pas les arbres se plaindre comme supposé par L., passée me voir dans l’après-midi.

Je me demandais alors s’ils demeuraient moins agressés par la nature elle-même que par la main de l’homme ?

Un arbre sait-il déjà, dans ses cellules, ce qui l’attend en sortant la tête du sol ?

Dans ses gènes porte t-il trace des ouragans, des inondations, des brûlures vécues par ses ancêtres ?

Sans doute que la plupart d’entre eux autour de moi, dans cette forêt récente, ignore les maux causés par l’homme, enfin par la civilisation.

Si ce n’est quelques clous pour les uns ou quelques coups de scies pour d’autres rares.

Mais les agressions des éléments naturels, ils les portent dans leurs cellules depuis que le monde est monde.

Alors sans doute que tout arbre qui naît a accepté de relever le défi.

Le défi lancé par la nature est âpre.

Et tout arbre qui pousse accepte de le relever.

Oui, ils sont courageux les arbres.

Impossible de s’enfuir ou de se mettre à l’abri face aux attaques du soleil, du vent, de la pluie, ou de la foudre !

Justement, le tonnerre commençait à gronder là-haut, il était 21:31.

Les bulletins météo avaient annoncé le plus fort du cyclone vers minuit.

Je me suis mise à penser aux petites images eco-friendly d’Auroville régulièrement postées sur Instagram.

Tu crois qu’elle a toujours le sourire aux lèvres la p’tite nénette qui écartait nonchalamment les couvertures de sa hutte au toit de palmier tressé ?

Ou alors s’est-elle terrée dessous, entre les pilotis de peur qu’un arbre ne s’abatte sur sa fragile construction ?

En tous cas, très peu pour moi la vie de bonne sauvage, perdue au fin fond de la forêt aurovilienne…

Je pense que celles et ceux perché.e.s dans les arbres doivent avoir le mal des cimes.

Heureusement aussi que je ne réside pas en bord de mer.

Paraît que cette dernière a tant avancé dans les terres.

Même que certaines communautés sont vouées à disparaître tôt ou tard.

Je constate cependant ce soir que les éléments déchaînés m’impressionnent bien plus qu’un simple virus invisible, si supposé dangereux soit-il.

En attendant la prochaine coupure d’électricité, je m’en vais reprendre mon patchwork, mais sans audiolivre ce soir, débit trop faible.

Bien à vous,

Isabelle