« Dans l’enfer de Saint Pierre »

24/05/2016 Bonjour à toutes et à tous,

Dans l'enfer de saint Pierre - Archives perso S.C.

Dans l’enfer de saint Pierre – Archives perso S.C.

Je suis retournée dans l’enfer de Saint Pierre.

Malgré une visite dans mon adolescence peu réjouissante, j’ai récidivé dernièrement, sachant à quoi m’attendre.

Oui, l’ambiance de la mine est toujours plombante, oui les hommes se tuent toujours le dos et les poumons, quand ce n’est pas la santé tout court.

Et ils tuent aussi celles des chevaux qui restent la-dessous à tirer les chariots de pyrite de fer et de cuivre, une fois qu’on la descendus à la verticale avec un palan, nourris logés dans le noir à vie, peu d’espoir d’en ressortir un jour.

Morts ou euthanasiés sur place, presque tous ont été recensés dans les archives de la mine.

Sans doute pas pire que les conditions de vie d’une main d’oeuvre étrangère venue travailler à l’extraction du minerai depuis l’Italie, puis l’Espagne et le Portugal, et ensuite la Pologne : 48% d’étrangers étaient recensés sur l’effectif minier de 1931.

C’est donc pas vraiment un hasard que S., à l’origine de cette visite de la mine, se retrouve descendant d’espagnols et de polonais.

Un pur produit d’intégration positive comme on dirait aujourd’hui en adoptant un langage politiquement correct…

Ce qui est sûr, c’est que les mineurs suaient et trimaient de concert, peu importent les mots et les maux.

Enfin, si l’extraction du minerai s’est arrêtée dans les années 70, il reste un paysage modifié par l’activité : la route principale serait descendue de 45 m en dessous de son niveau naturel, du fait de l’effondrement successif des galeries souterraines.

Des bassins de décantation sont toujours en activité pour dépolluer l’eau, avant de relâcher dans la nature celle qui a noyé les boyaux et continue de charrier le minerai.

De mémoire de Saint-Pierroise et de Saint-Pierrois, le 09 octobre 1934 restera comme le jour le plus terrible que la mine ait produit : 31 mineurs périrent dans ses profondeurs.

Sainte Barbe dont la statue était vénérée au fond des boyaux, n’avait été d’aucun secours…

Nous finirons, en fin de parcours, à arpenter le terrain alentour en quête de fantômes, celui du dernier terril ou de la salle des machines, et de contourner d’autres bâtiments murés à présent, comme la salle des pendus.

Heureusement qu’en clôture de soirée, la lune bleue magnifique nous avait réservé la surprise de sa présence.

Respirer la douceur de la nuit étoilée, cela nous ramenait sur terre avec bonheur.

Bien à vous,

Isabelle