« De chaudes nouvelles du quartier »

16/04/2018 Bonjour à toutes et à tous,
De chaudes nouvelles du quartier - Crédit photo izart.fr

De chaudes nouvelles du quartier – Crédit photo izart.fr

L’habitude du matin, ici en Inde, c’est que chacune (tiens, jamais vu un chacun…) arrose et brosse son pas de porte, éventuellement sa cour intérieure, pour faire rentrer de la fraîcheur à l’intérieur de la maison, et c’est comme cela qu’en même temps se propagent de chaudes nouvelles du quartier 😉

Ah, ça l’a faite bien rire ma copine-sans-dent qui passait à ce moment-là dans la rue !

Imaginez-vous que j’étais donc en train de laver à grande eau le petit perron devant la maison, quand soudain la brosse est allée voler dans la rue, séparée du manche…

Franchement, nous étions pliées de rire une fois passée la surprise !

Et quand je la recroise, elle se marre toujours en mimant la scène 🙂

Bon, quand je dis copine-sans-dent, c’est pas péjoratif, c’est juste un signe distinctif.

Parce qu’entre nous toutes, impossible de communiquer comme je vous le disais, elles ne parlent pas l’anglais, pas plus que moi l’hindi ou le tamoul local.

Donc je fais comme autrefois, quand le nom des gens était issu d’un surnom, et qu’on avait Charles le Chauve et Jean le Roux.

J’imagine qu’elle font de même 😉

Ah mais oui, on arrive à se raconter des tas de choses quand même, faut pas croire.

Aussi souvent que possible, je viens m’asseoir sur le perron vers 17:00, heure à laquelle ma copine-la-forte, celle d’à côté, prend aussi le frais.

Comme en Inde, dans la tradition, on mange avant le coucher de soleil, elle me demande toujours, avec des gestes bien sûr, si j’ai mangé ou pas.

Sujet très important, souvent abordé ici.

Bon l’autre soir, j’ai emmené mon bol de Keer pour le déguster dehors à la fraîche, ça l’a rassurée de me voir manger, faut dire que bien deux ou trois dizaines de kilos nous séparent.

Comme les autres jours j’avais toujours mon crochet avec moi, je lui ai montré le résultat final, casserole en main, parce que ça l’intriguait mon affaire.

Ben oui, je crochetais vite fait des maniques pour prendre les manches de ces foutues casseroles sans me brûler les doigts à chaque tentative 🙁

J’ai comme ça deux-trois bonnes copines que je croise dans la journée, quand elles rentrent de faire leurs courses, ou des fois quand elles taillent la bavette avec ma copine-la-forte en passant.

Et si je vous donne de chaudes nouvelles du quartier, c’est que toute la journée et pour tout le monde, c’est pareil, ici on transpire même sans rien faire, alors on se pose souvent 🙂

Ah, faut pas que j’oublie de parler des deux agents de sécurité très efficaces dans le quartier.

Deux copains disent certains, deux frères disent d’autres.

Et chose très rare ici, l’un est castré et porte même un collier.

Dans d’autres lieux, certain·e·s de leur espèce errent en hordes sauvages, squelettiques et galeuses, plus ou moins hargneuses.

Eux deux, ils aboient juste et montrent les dents seulement à tout ce qui est étranger au quartier 🙂

Au hasard le laitier, le poissonnier, le ferrailleur, le rémouleur… et sont bien sûr sans aucune pitié pour leurs semblables.

Une pauvre vieille chienne aux mamelles pendantes qui remonte tous les jours la rue doit chaque fois raser les murs pour ne pas se faire déchiqueter par les deux lascars 🙁

Le seul inconvénient, c’est qu’ils couchent dehors toutes les nuits.

Et qu’ils peuvent proférer des menaces sonores à un quelconque autre clébard qui aboie au loin durant des heures, histoire de…

Le pire, vous me direz, eût été de tomber sur un qui, comme à Bodhgaya, accompagnait tous les appels du muezzin puis les mantras du moine bouddhiste en hurlant à la mort.

Bien à vous,

Isabelle