« De la marge »

31/08/2016 Bonjour à toutes et à tous,

De la marge - Crédit photo izart.fr

De la marge – Crédit photo izart.fr

Cet été, je partage avec vous deux textes que j’ai présentés à des concours de nouvelles.
Ce deuxième récit (en trois parties) a été lauréat local du Concours de Nouvelles Jean Lescure en 2014.
Le cinéma Les 400 Coups participe à ce concours organisé par l’Association Française des Cinéma Arts et Essai en élisant la meilleure nouvelle reçue localement, qui sera ensuite soumise au jury national.

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Elle entra la première dans la pièce avec un petit sourire en coin.

Tout était comme prévu.

Aux murs, la peinture gris taupe venait juste d’être finie. Les doubles rideaux cerise tombaient impeccablement devant les fenêtres entrouvertes.

Son regard passa du lit au canapé, et elle fut satisfaite de ses choix et de l’emplacement du mobilier.

Faudrait aussi qu’elle se fasse à la présence de l’écran noir qui trônait dans un angle…

Mais bon, il fallait bien passer par certains compromis, et malgré des problèmes de mobilité évidents, il lui serait très facile de continuer à se faire plaisir, à sa façon.

A la première visite de l’appartement, elle avait bien vite réalisé qu’un cinéma se situait en bas de l’immeuble… Et celui-là n’allait guère lui changer ses habitudes, puisqu’elle n’avait toujours que fréquenté les trois salles d’art et essai de son quartier.

Le coin cuisine, fonctionnel et sobre, jouait du blanc et vert. Trois citrons jaunes ponctuaient le décor. Une table et quatre chaises, il n’en fallait pas plus.

Un aquarium végétalisé dont elle n’avait pas voulu se séparer, cadeau d’un proche, projetait une lumière tamisée dans l’espace repas.

Lui, derrière, n’avait pas bougé d’un pas.

C’était leur premier home sweet home, et visiblement, ça l’impressionnait, bien qu’habituellement il fut peu impressionnable.

Elle voyait déjà des jardinières débordantes de surfinias violets accrochées au balcon, flanquées de quelques asparagus vaporeux, et de fuchsias bancs et roses, baignés de soleil dès le matin.

Le matin, d’ailleurs, après le petit déjeuner, ils iraient au village, faire deux trois courses et s’arrêter un peu devant les boutiques, car plus rien ne pressait à présent !

Dans l’ascenseur, en rentrant, ils rencontreraient certainement une voisine ; oui, aux dires de certains, il y aurait plus de femmes que d’hommes parmi les locataires, qu’ils salueraient poliment, en échangeant quelques mots.

Bien à vous,

Isabelle