« De l’humour dans l’AIR très ordinaire »

23/05/2014 Bonjour à toutes et à tous,

De l'humour dans l'AIR très ordinaire - Crédit photo izart.fr

De l’humour dans l’AIR très ordinaire – Crédit photo izart.fr

Elle était mignonne, blonde et volubile, portait un pull bleu canard qui la moulait un peu trop, et était navrée du retard qu’avait pris la conférence.

Puis, avec justesse, nous rappela que si depuis l’antiquité, la littérature traitait de héros, rois, reines, princes et princesses, maintenant, la tendance moderne mettait en exergue des gens ordinaires.

Jusque là tout allait bien.

Le public écoutait aimablement le début de la conférence organisée dans le cadre des Assises Internationales du Roman à Lyon (69).

Et puis on a commencé à entendre monter comme une rumeur dans le public justement.

Et des têtes ont commencé à se tourner et retourner, à se balancer de droite à gauche, des gens soupiraient de plus en plus bruyamment…

Il y a même un groupe derrière moi qui a commencé à protester à voix haute : « Les auteurs ! Les auteurs ! Les auteurs !… »

Pendant ce temps, Macha Séry qui était censée animer le débat, nous racontait, nous racontait, nous racontait… le contenu des livres, jubilant au milieu de leurs auteurs.

Elle se réjouissait de son audace, la nourrissait de réflexions à elle-même, le tout accentué de mimiques de satisfaction.

AIR

AIR

Cela durait depuis au moins 20 bonnes minutes, lorsqu’une personne de la régie lui posa un petit papier sous le nez qui l’arrêta net dans son débit de paroles, tout en lui arrachant une moue de dépit.

« Bon alors, voilà… Il parait que je dois laisser la parole aux auteurs… Voilà… Oui oui… Je vais le faire… »

On venait de lui casser son rêve de présentatrice télé.

Elle l’avait tellement bien imaginé son show télé entre quadra et quinqua, elle, jusque là simple comique critique au Monde Livres.

Si, si, elle était même très fière de donner leur âge exact, à Ascanio Celestini, 42 ans, Christian Oster né en 1949 (alors ça lui fait quel âge ?) tiens, rien sur celui de Frédéric Ciriez ?

Dans le public ça faisait 20 minutes qu’on se marrait, mais qu’on se marrait, genre gros chahut en classe…

Elle nous prenait à témoin à présent, exhibant sous nos yeux le petit bout de papier assassin, alors que le public applaudissait à présent, tant le sketch était fameux et son attitude ridicule !

Debout, en bas des gradins, le personnel de la direction tempêtait depuis un moment déjà, face à cette péronnelle dont rien ne pouvait arrêter le monologue.

L’un d’eux se déplaça, non pour glisser un mot cette fois, mais pour intimer à Macha Séry de cesser…

Puis se tournant piteusement sur sa droite, elle continua de plus belle en s’adressant à son voisin :

– « Donc Frédéric Ciriez, je vais l’introduire (…) Parce que ça se mord par la queue cette histoire … » tandis que le public riait de plus belle de son audace ou de sa bêtise, c’était assez dur à cerner !

Tête en l'AIR

Tête en l’AIR

Lorsque Ascanio Celestini, dont elle ne put jamais prononcer le prénom correctement d’ailleurs, prit la parole, elle se saisit de son casque pour la traduction simultanée.

Et là, nouveau fou rire dans le public, elle avait remonté le casque sans le plaquer sur ses longs cheveux et cela faisait deux grosses couettes folles à hauteur du casque qui s’agitaient au moindre mouvement de tête, un mix entre l’épagneul breton et le coker…

Les jeunes femmes d’à côté pleuraient de rire, justifiant leur incapacité à suivre le débat à cause du ridicule de la situation !

Et puis les auteurs, assis autour de la table s’en sont mêlés aussi, quoiqu’ils avaient déjà le sourire aux lèvres et le regard (très) étonné depuis longtemps déjà.

Lorsque Macha Séry leur posait des questions auxquelles ils ne voulaient pas répondre, ils le faisaient savoir clairement et prenaient la liberté de s’exprimer sur d’autres thèmes 🙂

Les Sub

Les Sub

Un « Je vois une main qui se tend dans la salle » lâché au moment du dialogue avec le public, déclencha encore quelques rires nerveux.

Et, en bonne-élève-qui-a-lu-tout-le-livre-mais-qu’on-a-faite-taire, elle mima en direct le hara-kiri que Frédéric Cirez, par pudeur pour son ami défunt, nous avait épargné…

Bref, j’ai l’honneur de vous annoncer que la prochaine héroïne de nos trois auteurs amateurs d’histoires ordinaires, s’appellera MS 🙂

En fait, en discutant avec des amis à la fin de la conférence, on a juste regretté que cette conférence borderline ne soit pas partie complètement en live, histoire pour nous de vivre quelque chose d’extraordinaire.

En rendant mon casque audio, je me suis quand même demandée si la direction ne faisait pas délibérément dans l’humour noir.

Il était bien écrit Canal 4 pour les malvoyants

Finalement, tout cela devenait d’un ordinaire !

Bien à vous,

Isabelle