« Elle est entrée en silence »

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24/10/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Elle est entrée en silence, tandis que je rangeais des affaires sur mon lit.

Je l’ai soudain aperçue qui m’observait, debout dans l’embrasure de la porte, retenant le rideau d’une main.

Ah mes vieilles amies de la déchetterie !

Elles ne manquent jamais de passer me dire bonjour quand elles interviennent dans la guesthouse.

Elle m’a serrée dans ses bras et embrassée, me racontant toutes ses misères du travail en tamoul que je ne comprends pas, bien sûr.

Mais j’ai compati, comme d’habitude, m’inquiétant pour son dos ; elle est encore plus menue que moi, et des lourdes charges qu’elle doit porter.

Et puis j’ai vu s’empiler dans la cour les sacs remplis de plastique, de bouteilles, d’aluminium, de papier, de cartons…

Je ne peux m’empêcher d’avoir de la compassion pour ces femmes qui triment si dur, mais d’ailleurs, qui s’en soucie, elles sont invisibles ?

Pourtant on les croise tous les jours, dans toutes les maisons et toutes les entreprises.

Elles s’activent au ménage, au fourneaux, aux courses, à la lingerie, dans les jardins, aux entrées et fermetures de portes…

Certes, la plupart ont la sécurité de l’emploi, un salaire décent, quelques avantages sociaux.

Mais toutes et bénéficient pas de l’attention et de la considération que ce genre de travail devrait inspirer.

Elles font partie de l’animation du paysage, tout au plus, se déplaçant drapées dans leurs saris très colorés.

Mais jamais elles ne prennent part aux meetings ou aux conférences et s’effacent à la venue d’autres personnes sur le lieu de travail.

Oui, bien sûr, allez-vous me dire, elles ne sont pas auroviliennes.

Et ?

Ben moi je les aime comme toutes les autres, des collègues de travail aux amies, en passant par les connaissances que j’ai du plaisir à retrouver.

N’empêche que même si c’est déconseillé pour la santé, j’ai toujours dans mon frigo des barres de sésame ou de cacahuètes enrobées à leur offrir.

Et quand elle est revenue pour m’embrasser avant de partir, nous avons été prises d’un grand fou rire.

Alors qu’elle se penchait vers moi, j’ai soudain vu dépasser le manche d’un couteau de la ceinture de son sari, à même la peau !

Elle l’a alors sorti et brandi bien haut, l’air menaçant, avant de rire aux éclats…

Bien à vous,

Isabelle