« Il s’est mis à crier en pleine nuit »

06/02/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Une fois sorti de sa chambre, il s’est mis à crier en pleine nuit.

C’était le jour-même de mon retour en Inde, salué par d’incessantes coupures d’électricité.

A tel point que j’avais demandé à mon voisin d’en face la faveur d’utiliser sa salle de bain.

Douche et shampooing avec eau chaude, après deux jours de transit c’était pas du luxe.

Pour l’heure, ledit voisin beuglait dans la nuit des propos incompréhensibles en russe, vraisemblablement.

Distinguant cependant certains mots, ceux-ci me laissèrent deviner, qu’en rage suite aux coupures, il s’en prenait à l’Inde, aux Indiens, aux Tamouls…

Ce voisin si énigmatique juste à côté, je me suis toujours demandée s’il n’était pas agent de la CIA envoyé, entre autres, pour m’espionner ?

De lui, je n’entends d’ailleurs que le cliquetis de ses jeux vidéos, de l’autre côté du mince mur qui sépare nos deux lits.

Ou ses communications quotidiennes avec un lointain personnage ; et dont tout le quartier profite, échangées façon talkie walkie ou cibi radio.

C’est-à-dire entrecoupées de stridents bip sonores à chaque fois que l’interlocuteur change…

Il a aussi d’original sa paire de mules rose fushia 100% plastique, sans doute dégotées au rayon femme de l’épicerie du coin.

Parfois, il lui arrive de s’essayer à composer de la musique façon planante, vaguement années 70, mais il ne devait pas être encore né.

Je vous prie de croire que c’est pas gagné, ça friserait peut-être même plutôt la bande son d’un film d’épouvante

Hier soir, ce n’était pourtant pas lui, mais la voisine de droite qui est sortie dans la nuit en braillant.

M’étant approchée de la fenêtre, elle me demanda, se dirigeant vers le gardien, si moi aussi j’entendais ces bruits intempestifs.

A vrai dire, je n’entendais que des grands éclats de rires féminins, rien de bien affolant, sommes toutes.

Sans doute les jeunes filles croisées le soir-même dans le parking à vélo, en rentrant du jardin, et qui m’avait poliment saluée.

Elle retourna ainsi deux fois se plaindre, sans succès, et se mit elle-même à crier par intermittence depuis son lit pour protester contre le bruit.

Sur ces bonnes paroles, je m’endormis cependant profondément.

Mais à 6:00 du matin, alors qu’il faisait encore un peu nuit, entre chien et loup dirions-nous en France, c’est la police qui me tira de mon sommeil.

En rêve, bien sûr !

Je venais de passer un sale moment entre les mains de policiers corrompus et très menaçants auxquels j’essayais d’échapper.

Rien que ça…

Il me fallut un certain temps, dans la vraie vie, pour imaginer comment cette sordide histoire aurait pu finir en happy end !

Peut-être était-ce les vidéos inquiétantes de J., postées ces jours depuis la Turquie ?

Celles témoignant de la population confinée mais qui se manifestait bruyamment.

A grands coups de casseroles frappées toutes les nuits, elle entend protester contre les arrestations massives en marge d’une manifestation étudiante

Et conjuguée au court métrage pertinent dénonçant une forme de violence à l’égard des femmes que j’avais visionné, mes rêves ont du virer au cauchemar

Bien à vous,

Isabelle