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« J’ai eu de la chance dans mon malheur »

17/04/2019 Bonjour à toutes et à tous,

J’ai eu de la chance dans mon malheur cette fois.

Parce que j’avais placé des filtres dans mes oreilles.

Ben oui, à cause du film Bollywood projeté dans le bus à un volume sonore insupportable et impossible à régler individuellement.

Quant à faire baisser le son par le chauffeur, vous savez bien que les indien.n.es adorent écouter la musique très très fort.

Et parler de même 🙂

Et klaxonner aussi !

Ça a eu au moins le mérite de couvrir les vomissements des autres personnes dans le bus…

J’ai juste vu se pencher les unes et les autres au-dessus de leurs fameux sacs plastique.

On connaît la musique, mais j’avais juste pas le son ?

Puis le bus a emprunté la sale même route que deux jours plus tôt, celle qui fait toute la Kullu Valley.

Parce que le gouvernement a décidé d’ouvrir la route du Laddakh à davantage de véhicules, vu le profit généré par le tourisme.

En effet, nombre d’indien.ne.s fuient la chaleur écrasante de Delhi pour se réfugier au frais durant l’été.

Même le temps de quelques jours ou d’un WE, ils n’hésitent pas à faire une douzaine d’heures de route.

Perpétuant par la même occasion une tradition instaurée jadis par les colons anglais.

La route étroite et sinueuse fera donc place à une autoroute de 2 x 2 voies.

Certes, le gouvernement a dédommagé les riverain.e.s et certain.e.s ont rebâti une maison neuve.

Certes 4 ou 5 mètres en retrait des ruines de leur ancienne demeure.

Et de la future autoroute aussi.

Je ne sais pas si les travaux seront livrés à temps vu la méthode artisanale des travaux.

Car je n’ai donc cessé de m’étonner de voir travailler à la main tant de femmes et d’hommes tout au long du chantier.

Ah oui, ici pour faire un mur de soutènement, on pose les pierres manuellement les unes sur les autres.

Puis elles sont scellées par une bonne couche de ciment étalée à la truelle…

Incredible India !

Bon je vous épargne les non-consignes de sécurité.

C’est à dire les camions de chantier circulant à contre sens.

Et le fourgon d’explosifs stationné en double file sur la route…

Et les énormes ornières remplies de boues épaisses.

C’est comme ça que dans la voiture j’ai été crépie des lunettes aux chaussettes à cause de la fenêtre restée ouverte.

Fallait bien choisir entre survivre sans clim dans l’habitacle ou suffoquer à cause du nuage de poussière.

Faut dire que la veille j’avais déjà pris une pelletée de terre sur la tête dans la même voiture, à cause d’un engin remplissant une remorque.

Mais bon, pour l’heure je croisais les doigts sous le tunnel dans lequel nous nous étions engagé.e.s.

Sans éclairage ni issue de secours et sur route mouillée, j’imaginais mal comment les secours pourraient intervenir en cas de pépin…

Bien à vous,

Isabelle