« J’ai rencontré la fée des pêchers »

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21/10/2021 Bonjour à toutes et à tous,

C’est une certitude, ce jour-là j’ai rencontré la fée des pêchers.

Tout commença dans la matinée, alors que je participais à une conférence extraordinaire, j’y reviendrai plus tard, promis.

J’avais emmené avec moi un vaste échantillon de graines du jardin à partager.

La veille au soir, cela m’avait pris plusieurs heures à trier, sélectionner, mettre en sachets et étiqueter les précieuses denrées.

Mais j’étais vraiment heureuse de les offrir à un public passionné et passionnant le jour venu.

Doublement heureuse lorsque je pus confier des noyaux de prunes et de pêches, promis à un jardin perché quelque part dans le Nord de l’Inde.

Himachal Pradesh, au hasard.

Et vous vous doutez bien que ces noyaux de pêchers étaient les derniers, enfin presque, du magnifique et si généreux pêcher de mon jardin français d’autrefois…

J’avais trouvé une bonne maison pour ceux-ci aussi, et avais le cœur léger de les voir repartir dans d’autres mains amies.

Que voulez-vous, on ne va pas se refaire, certains s’attachent à des souvenirs, photos, autos, habits ou autres porcelaines.

Moi, ce sont les végétaux qui portent trace de mes passages et me survivent aussi.

Cela me rappela donc une fois de plus toute l’affection que je portais à ce pêcher.

Après une journée encore très chargée, j’étais de nouveau en route le soir venu, mais direction mon cinéma préféré.

J’avais lu rapidement le résumé du film projeté ce soir-là, Rêves (Yume) un film en 8 scènes du japonais Akira Kurosawae.

La seconde scène qui s’intitulait Le verger aux pêchers, commença par une scène entre enfants, précisément 5 fillettes et un garçonnet réunis.

Ce dernier s’inquiéta de l’absence d’une sixième fillette, ce qui ne manqua pas d’irriter les autres petites, car visiblement elles n’attendaient personne.

Mais lorsqu’il vit nettement apparaître cette sixième fillette, il ne put s’empêcher de partir à sa poursuite, la voyant s’enfuir dans la nature.

Alors qu’elle grimpait des escaliers dans un jardin en terrasses, une cohorte d’individus grimés et vêtus de somptueux vêtements fit barrage au jeune garçon.

Les uns dansant au son des instruments des autres, ils lui expliquèrent qu’ils étaient les esprits en colère des pêchers qui venaient d’être abattus.

Et l’accusaient, en temps qu’humain d’en être également responsable.

Mais soudain le garçonnet fondit en larmes, expliquant que lui aussi aimait les pêchers et regrettait leur mort.

Ce dont à quoi l’un des esprits rétorqua qu’il aimait seulement… en manger les pêches !

Blessé dans sa sincérité et dans son amour des arbres, le pauvre garçon versa de nouvelles larmes…

Alors les esprits des pêchers ne mirent plus ses sentiments en doute et exécutèrent de magnifiques danses en musique.

Il se mit en même temps à tomber des nuées de pétales de pêchers.

Et moi, dans le noir, coincée dans mon fauteuil, je pleurais devant cet émouvant souvenir qui me revenait soudain en pleine face…

Voilà comment la fée des pêchers a doublement traversé et enchanté ma vie ce jour-là.

La suite de la scène, je vous invite à la découvrir par vous-même, et d’ailleurs tout le film, il est saisissant de poésie et d’esthétique, mais pas que.

Bien à vous,

Isabelle

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