« Je peux pas j’ai meeting »

01/12/2020 Bonjour à toutes et à tous,

Quand je lui ai demandé s’il avait fait des radios le matin, il me répondit non je n’ai pas pu j’étais à un meeting

En fait, ça sonne un peu comme une rengaine à Auroville, je peux pas j’ai meeting

Vous entendez ceci, sur à peu près toutes les lèvres, étrangement.

En fait, il m’avait dit la veille qu’il allait voir un vieux copain, mais comme il oublie beaucoup de choses…

C’est quoi ton prénom déjà ?

Bref, ça fait tellement plus sérieux de dire j’étais un meeting, même en pleine déconfiture !

À vrai dire, je m’en moque qu’il aille faire ses radios ou pas, après tout il a ici une proche et de très bons amis, dixit l’intéressé.

La main est très enflée, il a toujours mal, mais des amis lui ont donné des tubes d’homéopathie Boiron Made in France (!) qu’il sort de sa poche.

Le seul hic c’est qu’il n’arrive pas à les ouvrir, ça tourne au sketch

Ils m’ont dit de prendre de celui-là pour la douleur, et celui-là c’est psychologique… continue t-il d’expliquer sans visiblement rien y comprendre, à mon amie et moi-même.

Médecin homéopathe, cette amie très dévouée a pris la peine hier soir de lui diluer dans de l’eau deux granules tirées de sa propre pharmacie.

Ah oui, parce qu’en Inde ils sont très très calés en homéopathie, bien plus qu’en France et ils l’utilisent à la façon enseignée par Hahnemann.

Nous apprîmes alors qu’il était resté toute la journée suivant son accident sans visite, sans soin et sans médicament…

Et quand nous passâmes le voir, le soir, il avait apparemment zappé la consigne.

A savoir prendre toutes les heures une cuillère d’homéopathie diluée, comme préconisé par A.

Alors, comme pour rattraper son erreur, il ingurgita sous nos yeux trois cuillères d’affilée…

Impossible de l’arrêter ou de le raisonner, mais à quoi bon ?

Livré à lui-même et dans son état, il eût été plus que judicieux de lui procurer une assistance médicalisée pour l’aider au quotidien.

No money... a paraît-il dit le comptable.

En tout cas, la leçon que j’ai tirée de tout ça, c’est qu’il vaut mieux ne pas avoir de problèmes de santé à Auroville !

Et encore moins être vieux et malade…

Entre le temps mis par les secours pour arriver, c’est-à-dire deux novices entourant un paramédical au volant d’une ambulance, et l’intervention elle-même, ça fait peur.

Un tour rapide de torche dans les yeux, le nez, les oreilles et la gorge, c’est bon, allez hop, relevez-le !

Comme vous pouvez hein, en tirant sur un bras ou sur l’autre, voire les deux…

Et encore heureux que quelqu’un ait eu le réflexe d’approcher la chaise à ce moment-là ?

Moi, même passée sous une voiture, ce mec-là il ne me touche pas, même pas il m’approche, vous m’avez bien lue ?

Et sa main ?… c’est bon, juste du sang échappé des narines qui a coulé dessus.

Et son nez ?… c’est bon, plaie désinfectée à la Betadine.

Et ensuite ?… c’est bon, dans une heure qu’il se douche puis qu’il se mette au lit.

Ah, il a des escaliers à monter… (oui et en colimaçon en plus) bon alors quelqu’un peut l’aider ?

De rien.

Bien à vous,

Isabelle