« Le chant des choucas »

24/07/2016 Bonjour à toutes et à tous,

Le chant des choucas - Crédit photo izart.fr

Le chant des choucas – Crédit photo izart.fr

Le chant des choucas m’a tirée du sommeil comme on sort d’un mauvais film.

Le chant des choucas, ou plus exactement le cri des choucas…

Perchés sur le toit de l’école, ils offraient leur concert matinal aux rares passants qui s’aventuraient déjà.

En ouvrant les volets, j’ai aperçu une petite vieille, très vieille, qui se traînait en silence sur le trottoir, la tête carrément décalée avec le reste du corps, son cabas à la main.

Elle a refermé lentement la porte de sa maison après avoir monté quelques marches, le soleil se levait à peine.

Et puis alors que de rares voitures commençaient à circuler sur la chaussée, les choucas se sont repliés sur une autre partie de la ville.

Sans doute avaient-ils de l’info à partager, sans doute le bref feu d’artifice de la veille qui avait du les sortir de leurs rêves avec torpeur.

C’est vrai qu’hier soir, alors que nous dînions en terrasse, je me suis demandé comment des gens pouvaient encore venir tous les ans assister à ce spectacle éculé.

Alzheimer a rétorqué L., tout en remplissant les verres de Lambrusco.

Certain-e-s d’entre vous auront reconnu cette portion de France profonde où les meilleures années l’on ne chauffe que neuf mois sur douze.

Histoire de rester en vie jusqu’au printemps prochain, et encore, si le dégel n’est pas trop long.

Là où les choucas aussi vous virent de vos envies d’ailleurs, bien avant le lever du jour.

Et puis j’ai entendu les pas de la petite vieille arpenter à nouveau le sol, et j’ai penché la tête pour la regarder encore un peu déambuler.

Un oubli, sans doute, dans le circuit rouillé des méandres de sa mémoire.

Ou alors l’envie de respirer mieux que la moisissure des murs.

S’offrir le luxe d’une deuxième bouffée d’oxygène le dimanche.

Pour l’heure, le soleil s’était recouché après une furtive tentative, et je me félicitais déjà d’avoir prévu un pull pour ce séjour estival

Bien à vous,

Isabelle