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« Les gardiennes veillaient depuis un siècle »

21/01/2018 Bonjour à toutes et à tous,

En voyant la mère essuyer sa joue, tandis que partait son fils pour rejoindre le front, j’ai soudain compris.

Pourquoi cela m’avait, insidieusement mais de façon très claire, replongée deux ans en arrière, presque jour pour jour.

Lorsque J. quittait la France pour s’envoler en Inde.

C’était donc cela ces larmes qui coulaient toutes seules sur mes propres joues.

J’étais une gardienne.

Je ne le savais pas.

La révélation que je revivais un drame survécu dans ma famille… 102 ans auparavant !

Le déchirement d’une mère dont le fils partait, destination et durée inconnues.

Elles étaient les gardiennes, elles ont donné leur nom au film.

Faisant à la ferme les travaux des hommes partis à la guerre.

Mais aussi gardiennes des secrets de famille.

De ceux qui entourent, au hasard, les morts et les naissances, désirées ou redoutées, cachées ou feintes, tues ou attendues.

Le frère de ma grand-mère avait 22 ans quand il est tombé à Verdun, après avoir quitté lui aussi, la ferme familiale.

Sans doute que sa mère a du en essuyer des larmes, et avant même l’annonce de la terrible nouvelle.

Elle a même été appelée, depuis son Jura natal, pour se rendre à Paris avec l’une de ses filles.

Reconnaître le corps du soldat

Devant la scène du film, l’inconscient collectif familial surgissait pour m’aider à recoller les bouts de mon histoire.

Les gardiennes veillaient depuis un siècle.

J’avais pris le relai.

Mais peut-être aussi libéré les générations futures du devoir de transmission, de la charge émotionnelle.

Est-ce pour cela que tant d’enfants de la génération des miens s’en vont bien au-delà de nos frontières, comme appelés à leur tour ?

La bonne nouvelle, c’est qu’ils en reviennent heureux et… repartent de plus bel, parfois en emmenant même leur mère avec eux 🙂

Bien à vous,

Isabelle