« Ne l’abandonnez pas »
11/01/2025 Bonjour à toutes et à tous,

Vous êtes responsable de votre bagage, ne l’oubliez pas, ne l’abandonnez pas… c’est par ces mots que j’ai été accueillie en France.
Portails automatiques à l’arrivée pour décliner son identité, photographie sous tous les angles, passeport numérique sur la borne d’arrivée, j’ai mis quelques minutes à piger le truc.
Fallait poser son passeport dans le bons sens et regarder la caméra dans les yeux pour enfin obtenir l’ouverture du sas libérateur.
Désolée, mais c’est pas évident de comprendre les dernières innovations technologiques après des années passées hors de France.
A l’extérieur, le froid glacial m’a procuré la même et fort désagréable sensation que lors de ma précédente venue.
Non, je n’éprouvais pas vraiment le bonheur de retrouver mon home sweet home nostalgiquement décrit par certaines personnes revenant au pays.
A vrai dire, ce n’était pas le doux sentiment de retrouver mes racines qui soudain m’envahissait, mais plutôt l’envie de fuir au plus vite.
Quand j’ai entendu une voix féminine susurrer ces consignes dans le haut parleur, j’ai eu l’impression que c’était un message à l’attention des propriétaires d’animaux…
Et là je me suis dit, ah oui, la France c’est du sérieux.
Encore toute imprégnée du joyeux foutoire coloré qui m’entoure en Inde, je n’en étais qu’à mes débuts de ce constat de tristesse et de grisaille dans lequel je m’enfonçais petit à petit.
Regarder bouger les gens avec leur air grave, sérieux, engoncés dans de sombres et sobres manteaux, écharpes, gants, chapeaux bien enfoncés, le choc fut réel.
Se dessinait soudain, face à moi, comme une évidence, tout ce qui ne me correspondait pas en France : le froid, la grisaille , la tristesse.
Tout mon corps, y compris mes pauvres pieds compressés durant des heures alors que je n’avais plus jamais porté de chaussures fermées depuis des années, avançait au radar.
L’obligation admistrative sonnait déjà comme une double peine, revenir et souffrir…
Bien à vous,
Isabelle