« Non je ne suis pas charitable »

19/12/2020 Bonjour à toutes et à tous,

Non je ne suis pas charitable… et je le revendique d’emblée avant d’essuyer des reproches.

Quand je les ai vus franchir le seuil de la salle d’attente, je me suis dit ouf je suis arrivée avant eux !

Je vous dis, non je ne suis pas charitable !

La mère, le père, et l’horrible gamin qui grimpe déjà de partout.

Voilà, c’est à mon tour, la secrétaire me fait entrer, non sans s’être étonnée de ma présence au préalable, et que je lui aie expliqué le pourquoi du comment.

Parce que maintenant je suis aguerrie pour défendre ma place ici…

On m’installe dans une salle, devant un bureau où je peux remplir tous les documents administratifs requis, tranquillement.

Enfin, pas pour longtemps, j’entends déjà la mère qui demande où elle peut installer son gamin le temps de faire ses dossiers.

Et bam !… la voilà qui installe sa progéniture sur les canapés en face de moi, avec la tablette entre les mains et YT en marche.

Il doit bien avoir au moins 4 ans, donc normalement il devrait comprendre la consigne tu mets pas trop fort, hein ?

Ben non, il a du zapper une étape celui-là, car à présent j’entends distinctement le dessin animé tout en me concentrant sur les numéros du passeport.

Et de plus, il s’agace vite, retourne entre sa mère qui s’impatiente et son père soudain pris de panique, réalisant qu’il a oublié tous les passeports…

Déjà il est question de prendre un taxi pour retourner les chercher mais… les copies suffiront.

A peine la mère s’est-elle installée en face de moi que le gamin commence à s’engouffrer sous son tee-shirt ?

Non, non… c’est pas le moment… mais non, non… le garçonnet est déjà pendu aux seins ?

Après, c’est pas étonnant que le gamin reproduise, lorsque tu dis non et que tu fais oui…

Ensuite, le voilà qui réclame soudainement une glace.

Et comme sa mère tente de lui expliquer que non c’est pas possible de manger une glace maintenant tout de suite, le voilà qui démarre un caprice

L’enregistrement de mon dossier de poursuit, mais apparemment, il y a un mal-entendu.

Non, la fameuse lettre ne me sera pas remise en main propre, comme annoncée pour la semaine prochaine.

Tout simplement parce que les équipes ne sont pas synchronisées et que chacun ignore le travail effectué par l’autre.

Je vais donc au service dédié pour m’acquitter de la somme nécessaire à l’acheminement postal de cette fameuse lettre à mon adresse en France.

Et si jamais elle peut m’être remise ici, en Inde, je retournerai à ce même service pour me faire rembourser de la somme avancée…

Ne vous ai-je pas déjà dit quelque part qu’il fallait vraiment avoir les nerfs solides TRÈS solides pour intégrer Auroville ?

La matinée quasiment écoulée, après être passée à la ferme récupérer mon panier de fruits et légumes, je me pose à la terrasse de mon restaurant préféré.

Soudain, des cris stridents me font tourner la tête, tandis que deux enfants descendent d’une voiture garée par leur mère, sans que cette dernière intervienne.

Encore un autiste, pensais-je, tandis que la mère essayera ensuite en vain d’attraper le petit garçon pour lui laver les mains.

C’est la deuxième fois que je croise cette famille indienne et remarque que le gamin exige toujours en criant ; non il ne sait pas plus dire bonjour que s’il vous plaît, une omelette.

Son repas se composera donc uniquement d’une omelette, au préalable soigneusement découpée en petits carrés par sa mère.

Par la même occasion, je remarque qu’il sait aussi bien tenir sa cuillère en main qu’un enfant d’un an.

J’en arrive à comprendre cet ami, qui, après bien des déboires, loue maintenant ses guesthouses uniquement à des familles sans enfant…

Certes, chaque parent a le choix de se comporter comme il l’entend avec sa progéniture.

Le terme élever doit cependant être réservé à celles et ceux qui en saisissent la nuance.

Bien à vous,

Isabelle