« Nous avons été mal nourri-e-s »

03/08/2016 Bonjour à toutes et à tous,

Nous avons été mal nourri-e-s - Crédit photo izart.fr

Nous avons été mal nourri-e-s – Crédit photo izart.fr

« – Nous avons été mal nourri-e-s durant notre enfance !

– Tu crois ?

– Oui, c’est sûrement à cause de ces cochonneries d’hormones et de pesticides que toute notre génération est malade maintenant… »

Elle me tenait cette conversation peu de temps avant de mourir.

Mais c’est deux ans après que je saisis l’essence de ce message.

Oui, nous avons été mal nourri-e-s.

Oui, nous avons manqué de ce qui fait vivre.

« Lorsque je serai débarrassée de cette cochonnerie, je ferai aussi un travail dans ce sens, je sens qu’il faut que je m’en occupe. »

Ma quête de sens à l’époque, et nous en parlions souvent, avait pris le chemin de la psychogénéalogie et du décodage biologique.

Déjà, des signaux de mon corps m’avaient incitée à la prudence, des décennies auparavant.

J’avais saisi le danger, et refusais de continuer à m’abreuver à la source empoisonnée.

Oui, la traversée du désert, ensuite, fut été longue et éprouvante.

Mais salutaire, hors des chemins, des schémas, des dictats.

Notre passé d’enfant était peuplé d’étranges similitudes, que nous nous dévoilions toutes deux, dans la révolte.

Bien sûr que nos gamelles étaient pleines.

Mais nos coupes aussi.

Et nous avons poussé, tant bien que mal.

Pourtant aucun complément de fer, aucune Vitamine D, aucune cure de magnésium ne nous ont été épargnés.

Je viens de comprendre la métaphore subitement.

L’amour…

Pour grandir en confiance, en sécurité, dans la bienveillance.

Noyé, quelque part dans une mer immense de manques, de peurs, de vides, de menaces, de non-dits.

Trop à gérer pour les petites filles que nous étions jadis.

Je ne nous souhaite pas d’être une génération sacrifiée.

Pas plus qu’elle n’aura été décimée par le sida, comme largement prédit auparavant.

A chacun-e le soin de nourrir l’enfant qu’il et elle était.

Bien à vous,

Isabelle

Il est plus intelligent d’allumer une toute petite lampe que de te plaindre dans l’obscurité. Lao-Tseu