« Nous planterons un arbre pour toi »

19/08/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Nous planterons un arbre pour toi, dans le terrain autour du studio d’upcycling.

Ce fut la décision prise en commun par les différentes teams du travail, lors de la pooja.

Et nous y ajouterons symboliquement une poignée de tes cendres.

Apaisants mais éprouvants adieux.

Heureusement qu’hier une amie, rencontrée à la soirée d’hommage, eut la bonne idée de me proposer de dîner ensemble lorsque nous quittâmes les lieux.

Car, comme pressenti, c’était bien la famille de notre défunt ami que nous croisâmes au moment de partir.

Et ce départ nous épargna une scène d’une rare violence, rapportée par une autre amie restée sur place, tandis que la cérémonie continuait.

Le jeune frère, éclatant subitement en sanglot et plein de désespoir, se demanda, à haute voix le pourquoi de ce geste alors que son grand frère adorait Auroville.

Devant toute l’assemblée recueillie, son père réagit alors très violemment, hurlant, tout en gesticulant, qu’il n’avait pas à se comporter ainsi.

De colère, il quitta d’ailleurs le groupe précipitamment.

Mais d’autres amis m’assurèrent que malgré tout, de la soirée s’était dégagée une très belle énergie, apaisante après bien des épreuves.

Ce que je ne vous ai pas raconté, c’est que cette veillée de recueillement était le fruit de mon initiative.

Impossible pour moi de laisser partir H. seul, sans avoir pu réunir d’autres personnes pour chanter et méditer, comme je le proposais.

Bien qu’il me semblât évident de pouvoir soumettre cela à notre groupe de chant informel, créé à l’occasion du 15 Août, j’hésitais cependant.

Mes craintes se confirmèrent, quand, après une longue discussion en ligne avec une amie très chère, je lançai, en français, ma proposition sur le WA du groupe.

Entre l’expression en langue française qui bloquait des gens, la peur d’être récupérés par d’autres, les autorisations que soulevaient d’autres encore, la permission de demander à se réunir…

Je faillis baisser les bras après m’être justifiée par deux fois et avoir décliné mon identité comme on m’y invitait.

C’était sans compter sur le soutien d’une des administratrices du groupe qui trancha net, en caractères gras.

Toute personne désireuse de se réunir pour chanter et méditer en hommage au jeune homme décédé était priée de se rendre le lendemain, 6 pm, à l’endroit convenu.

Mais arrivée sur place quelques minutes plus tôt, le lendemain, j’eus bien peur… de me retrouver seule.

En effet, je voyais des gens se garer sur le parking et pénétrer immédiatement dans le bâtiment, sans comprendre ce qu’ils venaient y faire.

Dans mon idée, nous allions répéter quelques couplets du mantra devant l’édifice, voire sur le chemin si ce n’était possible, puis nous retirer aussitôt après.

J’apprendrais le lendemain seulement que la direction des lieux avait envoyé une invitation à tous ses membres pour venir partager ce moment !

Voyant enfin arriver une connaissance, nous nous engageâmes à notre tour dans un couloir qui menait à une cour intérieure.

Plusieurs personnes avaient déjà pris place autour d’un plateau présentant des bougies et de l’encens, pour une pooja de toute évidence.

Puis nous commencèrent à chanter, et la vingtaine que nous étions, petit à petit, fut rejointe par bien d’autres personnes, prolongeant d’autant plus la cérémonie.

En effet, après une longue méditation, une fois sortie, j’eus la surprise d’entendre que le mantra reprenait alors que la nuit était déjà bien installée.

J’avais réussi, après bien des sueurs froides, à mobiliser du monde pour partager ensemble cette cérémonie d’adieux.

Et les remerciements reçus le lendemain confirmèrent mon intuition qu’il fallait provoquer cet événement jamais fait ici.

Me restait à faire connaissance avec le père…

Bien à vous,

Isabelle