« On s’est rencontré dans les poubelles »

14/11/2020 Bonjour à toutes et à tous,

On s’est rencontré dans les poubelles… dit-elle sur un ton désinvolte, pour justifier notre improbable rencontre.

Mais c’était pourtant la stricte vérité !

Ah ben oui, beaucoup de personnes résidant ou transitant à Auroville ignorent que nous générons des tonnes de déchets.

Pourtant la ville n’échappe pas à ce qui obsède tout humain, c’est à dire laisser trace de son passage partout derrière lui.

Ah, il est loin le temps des murs peints dans les grottes comme seul témoin de notre civilisation.

A présent, notre empreinte est enfouie dans le sol dans des dizaines de mètres de profondeur, pour des millions d’années aussi.

Plastiques variés, métaux, polymères, déchets radioactifs, matières synthétiques, déchets du BTP, de l’industrie automobile, faites votre choix…

Sans compter tous les polluants du sol, de l’air et de l’eau que sont insecticides, pesticides, fongicides, désherbants et autres chimies.

C’est devenu un réflexe tellement archaïque de reléguer ses déchets aux poubelles que nombre de personnes ignorent même ce qu’il va en advenir…

Et si vous commencez à détailler tout ce que vous trouvez en effectuant le tri de ces mêmes poubelles, c’est votre job, l’humain en face de vous est soudain frappé de stupeur.

Ben oui, les déchets que nous générons et relègons honteusement à autrui sont pourtant notre miroir.

Sales, gras, nauséabonds, polluants, dégradés… ils sont notre face cachée, celle qu’on ne voudrait jamais voir mise au grand jour.

On ferme vite le couvercle dessus d’un geste dédaigneux, hop !

Je viens de finir mon cycle de formation en vue d’intégrer Auroville, objectifs presque atteints après 7 mois de suspension du process.

Mais j’en suis ressortie avec une grande fatigue, presque une lassitude que même les danses, les jeux et les rires n’ont en rien dissipée.

Par delà les projets de lac, de désalinisation de la mer, d’architecture futuriste, de ceinture verte et autres commodités de déplacement présentés, aucune évocation des déchets qu’engendre la ville.

Aucune allusion sur leur existence et encore moins sur leur retraitement, quant à leur réduction

Vous vous régalez du bonbon après en avoir jeté le papier brillant par terre.

Face sombre au goût amer, difficile à avaler.

Bien à vous,

Isabelle