« Pas de poche pour mouchoirs dans les draps »

16/10/2017 Bonjour à toutes et à tous,

Pas de poche pour mouchoirs dans les draps - Crédit photo izart.fr

Pas de poche pour mouchoirs dans les draps – Crédit photo izart.fr

Pas de poche pour les mouchoirs dans les draps.

Ça l’embêtait vraiment mon p’tit papa de ne pas en trouver, tandis que ses mains cherchaient fébrilement où ranger cet encombrant kleenex serré entre ses doigts…

Je lui ai dit comme ça, pour rire, qu’il fallait qu’il fasse remonter l’info à la direction pour s’en plaindre 😉

Et en fait, oui, un rire a agité son maigre corps alité, dont les escarres rongeaient déjà les pieds.

Les infirmières, qui faisaient la visite de routine, n’en revenaient pas de le voir réagir si positivement d’un coup.

La veille, j’avais en effet reçu de leur part un coup de fil alarmant au sujet de la dégradation de son état de santé générale.

Nous avons alors décidé avec J., de passage en France, qu’une visite improvisée s’imposait.

Papa ne s’alimentait plus, n’avait plus la force de se tenir éveillé, et encore moins de se tenir debout depuis plusieurs jours.

Un scanner de la tête, pour écarter toute suspicion de séquelles liées à une récente chute, n’avait rien décelé d’anormal.

Je lui ai raconté la venue de l’automne, avec les derniers soleils, tout en glissant dans sa main quelques marrons bien lisses et brillants.

Partie précipitamment, en cours de route j’ai improvisé un bouquet façon nature morte.

Composé de grandes feuilles variées dont je lui en avais fait admirer les couleurs, et d’une poignée d’œillets d’Inde odorants cueillis à la va-vite dans un massif du centre-ville, c’était parfait.

Ceux-là, au moins, je les ai sauvés de l’arrachage municipal saisonnier.

Mais au bout d’à peine une heure, il nous a fait un signe d’adieu du bout des doigts en sortant de son état de semi-conscience.

Je suis retournée voir les infirmières avant de partir, et elles m’ont informé que tous les traitements avaient été interrompus, sauf celui pour soigner son problème cardiaque.

Nous avons bien convenu qu’il ne subirait aucun acharnement thérapeutique le cas échéant.

En repassant, je n’ai pu m’empêcher de tourner à nouveau la tête vers sa chambre.

Il avait toujours le même regard rivé au plafond, les mains jointes sur la poitrine d’où sortait un râle profond, entre le ronflement et la plainte.

 

Bien à vous,

Isabelle