« Plus jamais sans mon consentement »

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29/05/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Plus jamais sans mon consentement - Crédit photo izart.fr
Plus jamais sans mon consentement – Crédit photo izart.fr

Plus jamais sans mon consentement, j’eus alors l’intuition qu’il fallait que je l’écrive, pour lâcher la colère.

Il me fallait alors dévoiler tout un pan de ma vie dominé par la violence.

Parce que les mots ont un pouvoir libérateur.

C’était aussi sans doute le fruit d’un long cheminement, d’une maturation dans ma vie de femme, et l’air du temps qui m’y a aidée.

Merci Tarana, merci Camille, merci Adèle, merci Tina tout dernièrement…

Oui toi aussi, depuis des décennies tu avais définitivement coupé tout contact avec l’auteur des violences à ton encontre.

Ma colère pulsait en résonnance avec celle de milliers, de millions de femmes à travers le monde.

Des millions de femmes qui subissaient ou avaient subi la terreur.

Un jour, je décidais ainsi, que mes nuits, entre autres, ne seraient plus des abîmes de terreur.

Il me fallut rassembler tout le peu de courage qui habitait encore mon pauvre corps réduit à peau de chagrin.

Arrivée à ce point de destruction physique et mentale, ce n’est plus que la peur qui vous ronge, la honte, de quoi on se demande encore, qui vous habite.

Si, en fait, la honte de ce qu’il ait pu planter ses crocs venimeux en vous, à votre insu, comme un animal parasite qui va vampiriser son hôte.

Son pouvoir renforce votre impuissance, sa domination abreuve votre faiblesse, et sa violence distille votre peur.

Quand j’eus rassemblé mes dernières forces pour affronter tout cela, je décidais, une nuit, de fuir le lit pour le canapé.

Cela déclancha en lui une vague, un tsunami, tels un affront.

Si abandonner le lit familial c’était hautement symbolique pour lui ; j’allais le comprendre par la suite, cela l’était tout autant pour moi, mais pour d’autres raisons.

Feu le lit du devoir conjugal, des soumissions silencieuses, des chantages odieux, des non-consentements à répétition, un vrai champ de bataille que je désertais définitivement.

Après quatre mois de ce régime, et comme rien n’aurait plus jamais pu me faire retourner entre ses griffes, il sentit bien que j’avais échappé à son contrôle.

Il adapta alors ses tactiques d’intimidation et de manipulation, c’est comme ça que sévissent les personnes control freak.

Notre médecin de famille, mon seul point d’appui psychologique, était indirectement terrorisé de son côté par ce que je vivais.

Il me recommanda alors de bien fermer à clef la porte du lieu où je passais désormais mes nuits.

Bonne blague, je dormais alors dans cet open space qui regroupait les cuisine et salle à manger.

Je sentis effectivement la violence et le danger monter d’un cran lorsqu’une nuit, dans mon sommeil, une intuition me fit ouvrir les yeux.

Je découvris avec stupeur sa présence, il était penché sur moi…

Ne pas céder à la panique une fois de plus, car là était son jeu, bien évidemment, malgré tout son déni.

Je décidai alors, cette nuit-là, de dormir avec un couteau de cuisine planqué sous mon canapé.

Inconsciemment, j’étais symboliquement armée à mon tour pour commencer à rassembler les miettes de moi.

Jusqu’à arriver à fuir un jour, sans annonce, avec mes enfants.

Bien à vous,

Isabelle