« Rose de Damas et hêtre lacinié »

29/10/2014 Bonjour à toutes et à tous,

Parc de la Tête d'Or

Parc de la Tête d’Or

La journée était splendide pour se donner rendez-vous au Parc de la Tête d’Or à Lyon (69).

Cette fois-ci, c’est à la rencontre de quelques-uns des arbres remarquables du Parc de la Tête d’Or, accompagnés par Pascal, un fin connaisseur des lieux, que nous en avons parcouru les allées.

Et comme à notre habitude, c’est la tête en l’air que nous sommes partis à la découverte.

Mais gare aux joggeurs de tous crins dont vous troubleriez le rythme effréné, ils n’hésiteront pas à vous bousculer sans état d’âme si vous vous placiez malencontreusement au travers de leur trajectoire !

Afin de nous faire profiter de tous ces arbres dont certains ont atteint un bel âge, une gestion rigoureuse du Parc s’impose.

Hêtre lacinié

Hêtre lacinié

Ainsi il est important de bien identifier les maladies, telles que celles qui frappent actuellement marronniers, frênes, platanes et buis, allant jusqu’à la mort pour certains.

L’installation de pièges à phéromones s’avère efficace en présence d’insectes ravageurs.

Au fur et à mesure des arrêts, nous découvrons plusieurs variétés de sapins : Abies pectinata, Abies pinsapo, et de pins, tels que le Pin de l’Himalaya aux longues aiguilles tombantes.

Un arbre à l’écorce grise aiguise notre curiosité… et finalement nous apprenons que c’est une variété de hêtre, Fagus sylvatica Asplenifolia, le hêtre lacinié dont les belles feuilles finement découpées commencent à se teinter de jaune.

Et puis maintenant, plus une hésitation pour différencier le cèdre du Liban du cèdre de l’Atlas, le port des branches est vraiment caractéristique, très étalé chez le premier et plus longiligne chez le second.

Alchémille

Alchémille

Passage devant d’immenses séquoias à l’écorce rouge, avant de s’arrêter devant le cyprès chauve, facilement reconnaissable au bord du lac, avec ses pneumatophores qui vont lui permettre de respirer. A noter qu’il perd ses aiguilles en automne.

Nous arrivons alors tranquillement à la partie botanique de notre visite, après avoir longé les enclos du parc zoologique.

C’est là que nous attend Jean-Paul, pour nous expliquer comment est né le projet du Parc de la Tête d’Or, une des nombreuses réalisations des frères Bühler, très inspirés pour ce projet, par les  jardins botaniques royaux de Kew à Londres.

Ensuite, nous entrons dans le monde très codé du jardin médiéval, où se côtoient l’alchémille et le gattilier ou poivre de moine, Vitex agnus-castus, censé calmer les ardeurs des moines dont on garnissait les matelas !

Ce jardin, créé pour ne durer que 2 ans, est maintenant en place depuis 10 ans, et l’implantation des plantes et fleurs suit la course du temps.

Ainsi, entre roses de Damas du jardin d’agrément, iris des marais, lys et ancolies dans le jardin bouquetier se croisent de espèces végétales rencontrées de 500 à 1500, ces dernières années saluant le début de la Renaissance et la fin des croisades.

Le jardin d'agrément

Le jardin d’agrément

Et tout ici, à l’époque, est conçu source de sensualité, alors que la religion en condamne toute expression.

Ainsi, au jardin clos voué à la spiritualité, l’on s’assoit sur des talus hauts de 40 cm plantés d’herbes folles, transgressant les interdits de leurs douces caresses, tandis que les dames les tressent en couronnes végétales.

A ce propos, c’est étonnant d’apprendre qu’autrefois jardiniers et chapeliers étaient réunis sous la même corporation !

Par ailleurs, avec des barrières à 1,40 m autour de l’enclos, à la hauteur des épaules, on respecte les codes de la spiritualité.

Ainsi à l’époque moyenâgeuse, les seigneurs ne chassent que ce qui s’élève dans les airs, ce qui court sur le sol est bon pour les paysans.

De même ces derniers se nourrissent de racines et de tubercules, alors que les premiers mangent les parties aériennes de la plante.

Au jardin médiéval

Au jardin médiéval

Et puis vous apprendrez aussi que le nombre de rangs de briques, le nombre de pavés, les pierres du mur, ainsi que les bois de construction sont établis en relation avec le corps humain, idée reprise maintes fois depuis.

Voilà donc qui nous éloigne du concept rustique très en vogue pour traduire la mode ancienne, mais pas du tout à l’image de l’époque médiévale, ou tout se calcule rationnellement.

D’ailleurs, comme il ne reste pas de plans de ces anciens jardin, place à l’imagination !

La visite se finira sur une comparaison étonnante entre ce regain de jardin en carrés, jardins surélevés ou jardins minimalistes actuels mais tout à fait dans l’esprit du Moyen Age, encore sous le charme de la rose de Damas et du hêtre lacinié.

Bien à vous,

Isabelle