« Un look à la Corto Maltese »
16/12/2024 Bonjour à toutes et à tous,
![](https://i0.wp.com/www.izart.fr/wp-content/uploads/2024/12/received_481848751586243.jpeg?resize=299%2C224&ssl=1)
Avec le recul, je me dis que tiens, c’est vrai, il avait un look à la Corto Maltese, cet ami-là, sans la boucle d’oreille.
C’est pas que je regrette mes 20 ans, loin de là, mais ces années follement intenses ont laissé en moi un souvenir impérissable.
Peut-être que c’est la nouvelle série sur Instagram, Amours solitaires, une production Arte à suivre qui m’a soudain replongée dans le passé ?
Un copain m’avait envoyé une lettre depuis son Aveyron paumé ; oui, on s’écrivait beaucoup à l’époque, dans laquelle il me faisait un aveu.
Il était amoureux d’un de mes meilleurs amis.
Parmi mes meilleurs amis masculins, il y a toujours eu autant d’hommes homos qu’hétéros, donc la confidence était toute en confiance.
Je me souviens avoir été assez embarrassée pour lui répondre, les histoires de cœur n’appartiennent qu’à celles et ceux qui les vivent.
A cette époque donc, nous faisions pas mal de sorties tous les trois, et la situation était assez cocasse.
En effet, puisque tout le monde supposait que nous étions en couple avec cet ami, l’autre copain, qui n’était pas accompagné, se faisait ouvertement draguer… par des femmes.
Le pauvre, quand même, il n’aspirait qu’à devenir l’amant de mon ami et il était sans cesse importuné, son profil de beau brun faisant bien fantasmer.
Pour l’anecdote, plusieurs de mes amis homos m’ont raconté la même chose, avoir été dragués de façon insistante par des femmes, sans aucune précaution de consentement.
Mais bon, pas plus avant que maintenant, c’étaient des choses que l’on ne partageait avec des personnes inconnues.
Ainsi demeurait le mystère entourant notre joyeuse équipe, et j’avoue que quand même, nous avons eu de bonnes rigolades en privé.
Et puis autant l’un était réservé et mal à l’aise, autant l’autre, mon ami, se délectait à laisser planer le doute.
Enfin après, moi, je n’ai jamais posé de questions, mais il menait une vie vraisemblablement différente de la mienne.
Nous allions tous deux de temps en temps dans des établissements quelque peu glauques mais où ma présence était bien tolérée.
Il avait là, visiblement, pas de mal de connaissances.
D’autres fois, il me présentait à ses amis que nous allions rencontrer sur leurs lieux de travail, indifféremment restaurants ou ateliers d’artiste.
Bref, notre amitié était chargée de mystères et de non-dits, mais nous n’avions absolument pas besoin ni d’en savoir ni d’en entendre davantage.
Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, l’un et l’autre.
Si, l’un est mort, maintenant je le sais.
Bien à vous,
Isabelle