« Un petit tour au cimetière »

21/08/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Rien ne vaut d’aller faire un petit tour au cimetière… avant le grand tour !

Ben voilà, j’ai retrouvé la joie de vivre et mon humour après quelques journées bien éprouvantes.

Les circonstances ont donc fait que pour la première fois je me suis rendue sur le lieu de crémation et au cimetière d’Auroville.

Vous connaissez ma curiosité pour ces endroits-là, surtout quand on change de région ou de pays, ils ont tous leurs particularités.

Inutile de chercher où il se situe si vous n’êtes pas en compagnie d’une personne résidant depuis longtemps à Auroville.

Rien ne distingue le portail de l’alignement de tous les autres sur la route, il est couvert de rouille et cerné d’une abondante végétation.

Seules deux guirlandes de fleurs qui barraient les croisillons métalliques auraient pu fournir un indice, sinon aucune signalisation.

Une fois le parking dépassé, un simple champ balisé par des pétales de fleurs, il fallut suivre une rangée de ces mêmes pétales pour découvrir le lieu.

Vous arrivez alors au centre d’une clairière où est dressé, à ciel ouvert comme le veut la tradition, le crématorium.

Seul un toit pointu et rond, étanche et couvert de chaume, protège le lieu des intempéries.

Dessous, sont posées à même le sol des rangées de briques rouges qui vont venir enserrer le corps.

Le fond est garni de bûches et de bouses de vache séchées, couvertes de paille.

C’est là qu’est déposé le corps de la personne défunte, enroulé dans un drap.

Diverses épices, onguents, poudres et autres fleurs sont rituellement déposées sur et autour du corps.

Puis on enrobe la silhouette de boue, à main nue, composée d’une épaisse couche de terre rouge d’Auroville préalablement mélangée à de l’eau.

Ce sarcophage étanche est ensuite recouvert par l’assemblée présente d’une impressionnante quantité de pétales et de colliers de fleurs.

Une torche vient embraser la paille dans les interstices laisses entre les briques.

La crémation va durer ainsi plusieurs jours, le corps se consumant ainsi très lentement.

Bon, je vous raconte tout ça, mais ce n’est pas mon choix, je veux reposer en terre, littéralement.

Oui, c’est ça, je veux égaler les vers, les insectes, les plantes et les arbres environnants.

A cette occasion, j’ai eu la chance qu’une des responsables du lieu me guide jusqu’au cimetière attenant.

Mon rêve… hormis quelques stèles un peu traditionnelles, à l’occidentale, les emplacements sont marqués pour la plupart par de gros cailloux locaux.

Gravés pour les uns, peints ou sculptés pour d’autres, ne figurent souvent qu’un nom, voire uniquement un prénom, et parfois une date.

A l’ombre des grands arbres, de façon peu organisée, à même la terre rouge se dressent donc discrètement, de-ci de-là, quelques roches symboliques.

Les cendres de celles et ceux qui ont opté pour la crémation reposent de la même manière, sous un caillou, dans un espace dédié.

Parfait tout ça ! que j’ai dit à la dame.

Alors surtout, m’a t-elle répondu, allez enregistrer sans attendre vos préférences noir sur blanc sur le livre dédié aux dernières volontés.

En effet, trop de gens, paraît-il, lui glissent comme cela des indications dans une conversation.

Et elle n’arrive pas toujours à se souvenir des dernières volontés de tout le monde quand vient le moment fatidique !

Évidemment, un accident est si vite arrivé… me glissa t-elle.

C’est pour cela que vous avez même la possibilité d’ouvrir un compte et d’y verser une somme pour couvrir vos frais d’obsèques.

J’ai moi-même pu faire un don au service financier pour participer aux frais d’obsèques de mon défunt ami.

Bon, je m’y pencherai un jour, mais en attendant, j’ai trouvé mon coin tranquille pour reposer en paix.

Et en plus, c’est cérémonie à la carte, selon vos voeux ou ceux de la famille.

Petit détail sympathique que j’ai pu apprécier de mes propres yeux, quand arrive une ou un nouveau locataire, on fleurit chaque sépulture du cimetière.

C’est convivial non ?

Encore plus sympa que de tirer les rois ensemble à lEHPAD, bouclée dans un fauteuil roulant…

Bon, pour moi ils savent, c’est une tisane bien serrée et on n’en parle plus.

Et oui, au besoin, je peux faire une liste de plantes françaises, je ne connais pas encore assez bien les vertus des plantes indiennes…

Mais de toutes façons mes proches n’en auront pas besoin, j’ai commandé la version instantanée et indolore, genre morte dans son sommeil !

Bien à vous,

Isabelle