« Une heure d’attente de trop »

17/04/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Quand il est remonté de la cave, il n’a pas vu l’appel en absence.

Mais pour elle, cela a été une heure d’attente de trop.

Le temps qu’il alerte des proches pour se rendre ensemble chez elle, il s’était écoulé une heure pendant laquelle elle gisait dans le sang et l’urine.

Incapable de se lever seule, pour se rendre aux toilettes elle avait pourtant tenté l’impossible et s’était fracassé le crâne sur le sol.

Une fois relevée et grossièrement nettoyée, le sang avait coagulé dans ses cheveux, il fallut en venir aux faits.

Combien de temps allait-elle encore tenir comme ça, incapable de se nourrir, incapable de se soulager, dormant sur une chaise par intermittence ?

Cela faisait un an qu’elle n’avait plus monté ni descendu les trois étages menant à son appartement.

Pour elle, une heure d’attente de trop, pour lui, une année d’attente de trop à entretenir le déni face à la réalité de ce qu’elle endurait.

Et même si elle ne voyait plus personne du quartier ; à 90 ans l’entourage s’est réduit, elle voudrait rester chez elle et y mourir tranquillement !

C’est sûr que des soins quotidiens, des repas réguliers et équilibrés, l’accompagnement d’un personnel professionnel et compétent ça peut nuire gravement à la santé

Toute cette génération d’invincibles, d’indestructibles, d’êtres immortels dont soudain la réalité éclabousse le mirage en une flaque de sang et d’urine…

Dommage que les interventions, les soucis et les appels intempestifs incombent à ses petits-enfants

Pire encore… à la moitié de ceux-ci qui pour le coup ont, ce jour-là, raté un entraînement, pris du retard dans leurs travaux et dans le boulot.

Il semblerait cependant que d’aucuns retraités se préparent à reproduire une fin de vie identique, entre déni et délabrement physique.

Tout du moins bénéficieront-ils de l’effet de surprise en moins…

Bien à vous,

Isabelle