« Une négresse qui buvait du lait »

25/03/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Sa maman me montre fièrement la vidéo dans laquelle il chante en français « Sur ma petite île…

Et tout d’un coup, je ne sais quelle connexion se fait dans ma tête en voyant ce petit indien chanter ainsi.

Je me revois enfant, sans doute au même âge, 7 ou 8 ans, mimant une ritournelle, dans la cour de l’école avec mes copines.

« Une négresse qui buvait du lait,
Ah, se dit-elle si je le pouvais,
Tremper ma figure dans mon bol de lait,
Je serais plus blanche que tous les français »

Un jour, alors que je fredonnais cette regaine à la maison, mon papa l’interrompit.

Il m’apprit que ces paroles n’étaient pas bien.

Mais entre enfants on ne fait aucune différence, ni de couleurs de peau ni d’origine.

Et encore moins lorsque ce discours n’est pas alimenté à la maison.

Ces chansons n’étaient en rien racistes dans nos bouches innocentes.

Mais sans doute que les adultes qui les avaient composées étaient moins candides.

Il me semble que de ce jour remonte ma prise de conscience quant aux notions de différence.

De toutes ces mauvaises choses qui n’avaient pas encore sali mon innocence.

Nous chantions de même des histoires de Crocodile qui s’en allait à la guerre.

Mais je les ai apprises plus tard, et pas à la maison.

Mes parents qui fredonnaient souvent avaient pris soin de ne les jamais glisser dans notre répertoire de chansons populaires.

Pour certaines, elles étaient tirées aussi de leurs propres carnets de chants JAC ou JOC.

Ainsi j’ai appris des airs un peu désuets comme J’ai deux grands bœufs, Faut-il nous quitter sans espoir, Plantons la vigne ou Le rossignol y chante !

Le plaisir de chanter ne m’a jamais quittée, pas plus que celui d’écrire, dessiner, bricoler ou planter, comme autant de moyens d’exprimer ma créativité.

Bien à vous,

Isabelle