« Par la fenêtre je vois »

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20/08/2022 Bonjour à toutes et à tous,

Par la fenêtre je vois des petits écureuils sautillants et assoiffés.

Des motos passent dans le reflet de la vitre avant de passer en vrai sur la route.

Une maigre vache blanche broute de l’herbe très très sèche.

Mais pas de vache qui meugle à l’horizon aujourd’hui, toutes les fois que je les entends, cela me rappelle la ferme de ma grand-mère.

Les branches du goyavier apparaissent et disparaissent au gré du vent devant la fenêtre.

Le grand eucalyptus blanc dont le feuillage est sans cesse poussé et repoussé par les masses d’air se plie et se déplie sous leur poids.

Ses feuilles sèches descendent sur le sol en tourbillonnant comme des hélicoptères, ça me rappelle les graines de hêtres en France.

Aujourd’hui il y a pas de taxi qui attend sous l’ombre du gros arbre.

L’allure hésitante de deux cyclistes coiffés de grande capelines blanches trahit leur présence récente à Auroville.

La terre rouge chauffée à blanc petit à petit par le soleil, grille jusqu’à devenir une poussière dense qui tournoie dans la lumière.

Je me souviens pourtant qu’il a plu très fort cette nuit, que le tonnerre a grondé et j’ai même aperçu des éclairs dans mon sommeil.

Une forte odeur de feu de bois brûlé entre à l’intérieur de la pièce, les trois fan en action ont tôt fait de la disperser.

Les fils de fer bleutés dessinent des croisillons entre les colonnes de granit taillées en parallélogrammes.

Un papillon blanc passe et repasse, soulevé lui aussi par les tourbillons chauds.

Dans mon casque sont diffusés à présent des sons très stridents.

Le programmateur vient m’annoncer que c’est normal, sans nul doute, mais j’avoue que c’est relativement désagréable.

On dirait que c’est comme les grésillements qui s’échappent du casque d’un autre auditeur assis à côté de vous, vous voyez ces bruits parasites ?

Et bien là c’est dans vos oreilles que c’est diffusé.

Les croches en cascade c’est terrible avec la mélodie en sourdine.

J’avais été prévenue que plus les séances avanceraient avec la méthode Tomatis, plus les sons seraient filtrés.

Pour l’instant ce sont les violons qui s’exitent en produisant un son métallique et très aigu.

Heureusement, comme je disais, de temps en temps je perçois la mélodie.

Mais bon, j’avoue que du Mozart filtré c’est pas très joyeux à entendre.

Au bout d’une heure de séance, je serai curieuse d’entendre… comment j’entends justement !

Là, viennent de passer deux papillons blancs qui narguaient le vent à toute allure.

Un gros corbeau noir solitaire recherche quelques denrées à engloutir en se dandinant sur le sol.

Sous la fenêtre, j’entends un piou piou non identifié.

Pas non plus d’enfants qui poussent des cris intempestifs.

Ils sont pourtant bien là aujourd’hui, parce que leurs parents sont endormis sur les fauteuils de la pièce où je me trouve.

Je me dis qu’on ne doit pas être en phase critique de la lune !

Si après ces mois de rééducation auditive intensive mes aigus ne sont pas revenus à la normale, je démissionne…

Mais voilà que le chant grégorien prend le relais, et même en mode filtré ce n’est pas pire, je suis sauvée !

Entre temps, j’aurais fait des petites pauses de sommeil intermittent, et ça c’est très agréable pour les oreilles aussi.

Bien à vous,

Isabelle

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