« Ce joueur de vent »

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07/09/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Ce joueur de vent - Crédit photo izart.fr
Ce joueur de vent – Crédit photo izart.fr

Ce joueur de vent était bien décidé à démonter mon œuvre, ce jour-là.

Les autres fois, j’avais réussi à créer une composition de fleurs, qui s’apparente plutôt à du landart, malgré les coups de gueule bourrus de notre ami vent…

Mais cette fois-ci c’était mission impossible, je courais après mes fleurs qui roulaient sur le sol les unes après les autres.

Au bout d’un moment de lutte dont je savais, de toute évidence, ne pas sortir gagnante, je m’emparais de fers à béton présents sur le site, pour cloisonner l’espace.

Ainsi je pus rassembler à l’intérieur tous les boutons de fleurs colorées et autres corolles glanées sur ma route pour créer un ensemble harmonieux.

J’avais bien compris qu’il ne sert à rien de lutter contre le vent, immensément plus fort que moi.

Alors je le laissais détruire mon travail et jouer à poursuivre les fleurs sur la terre rouge.

Après ma création, je m’asseyais face au Matrimandir, ma couture du moment entre les mains.

C’est alors que j’entendis le grondement caractéristique d’un JCB avançant dans mon dos.

Stoïque, sur ma chaise en plastique, j’ai choisi avec moi-même quelle attitude adopter pour ne pas céder à la panique.

Me souvenant alors de Sri Aurobindo resté paisible dans sa chambre toutes fenêtres ouvertes, alors que le cyclone était à son paroxysme au dehors, j’ai tenté une expérience.

Bien enracinée et pleine de confiance, j’ai établi une connexion qui, petit à petit, m’a complètement coupée de la scène.

J’étais sans peur, uniquement là, sous le Neem Tree, absolument convaincue que le terrible engin allait partir de lui-même et arrêter son travail d‘intimidation.

Ayant pris la précaution, auparavant, d’informer quelques amies de cette situation plutôt désagréable, j’eus la surprise, oui ça me surprend toujours, d’être témoin d’un changement d’attitude.

Le JCB ne s’attaquait plus à la butte sur laquelle j’étais perchée avec mon arbre, en fait il repartait dans une direction diamétralement opposée.

Bien soulagée, je repris mon travail de couture avec, comme toujours, pour horizon, une vue imprenable sur le Matrimandir.

Cette attitude de lâcher-prise m’apporta une belle surprise.

Elle mena jusqu’à mes oreille la phrase que deux hommes s’échangeaient en contrebas.

J’entendis alors très distinctement l’un d’eux dire que le technicien allait prochainement arriver.

On peut en déduire aisément qu’il allait à son tour donner ses avis et consignes.

Affaire à suivre…

Bien à vous,

Isabelle