« De quel bois es-tu fait »

14/09/2016 Bonjour à toutes et à tous,

De quel bois es-tu fait - Crédit photo izart.fr

De quel bois es-tu fait – Crédit photo izart.fr

De quel bois es-tu fait, lui demandais-je soudain ?

Est-ce moi qui vous ai rendus ainsi ? 

Votre éducation a t-elle été trop dure ?

Juste un sourire en réponse…

Il n’a pas l’air traumatisé.

Du tout.

Petite nature ! qu’il me lance…

Je ne peux même plus lever les pieds pour monter l’escalier, tant mon corps est endolori…

Pousse-moi dans le dos s’te plaît… il se marre et d’une main, m’aide à gravir les marches.

Mais nous avons gagné le pari de rentrer avant la nuit.

Deux heures trente de folie à moto à l’aller et autant au retour…

Le matin, départ plus tard que prévu, pour cause de semaine chargée, J. a besoin de récupérer.

Mais à peine la direction de Mahabalipuram prise, je commence à souffrir le martyr

En quelques bornes, la route, ponctuée de crevasses, de bosses, de canalisations, de plaques de béton, de gravats, de terre-pleins et de chantiers en cours a eu raison de mes fesses trop peu rembourrées 🙁

De plus, le crochet en fer contre ma jambe droite ; auquel tous les indiens accrochent leurs sacs de courses, recommence à me heurter le mollet à chaque saillie de la route.

Cette partie de mon corps est devenue un patchwork d’hématomes

Paraît que cela ne gênait pas les autres passagers de la moto, M. au hasard.

Evidemment si on compare mes jambes à celles de l’autre sauterelle !

Au bout d’une heure de route, heureusement, nous nous garons sous les arbres.

Dégustation de noix de coco fraîches, pendues en grappe aux arbres, que proposent deux jeunes vendeurs.

Ouverture à la machette, tchac tchac tchac, une paille dedans, slurp, slurp, puis fendues pour en manger la chair un peu figée, et voilà, le tour est joué en 30 secondes !

Du mal à saisir la noix verte à pleine mains cependant, elles sont toutes engourdies par les vibrations de la moto.

Si la moto est idéale pour slalomer en ville, elle n’est visiblement pas conçue pour de longs trajets.

Je pense très fort à ma copine et à son mari, partis avec leurs deux motos en Amérique latine, pour leur raid l’hiver dernier.

Non, ce n’est pas possible, elles devaient être autrement plus confortables 🙁

Mais déjà j’oublie tout, tandis que nos pas nous mènent à une ravissante guinguette en bord de mer, arrivés à destination.

Quelques heures plus tard, nous amorçons le retour sous une pluie diluvienne qui nous cingle le corps, bousculés dans tous les sens par un vent très fort.

Je me prépare mentalement au fait que, petit à petit, l’eau va imprégner tous mes vêtements.

Ce qui arrive assez rapidement vu que je ne porte qu’une tunique et un caleçon !

Juste le temps de penser au moment où ma culotte subira le même sort, c’est fait… et très désagréable 🙁

Je me demande même si je devrais continuer à retenir une envie pressante, et croissante avec le déluge, au point où j’en suis !

Heureusement que j’ai acheté un casque avant de partir, ma tête est la seule partie du corps à demeurer sèche.

Le long de la route, tous les indien-ne-s se sont réfugié-e-s sous des abris de fortune, attendant la fin de l’orage.

Et lorsque J. se rabat enfin vers un genre de troquet le long de la route, je nous crois sauvés.

Ben non, c’est juste pour placer téléphone et billets dans mon sac à dos, le seul qui restera étanche jusqu’au bout, et nous voilà repartis…

Gare aux voitures dont la visibilité est réduite, elles maîtrisent mal les aquaplaning, en plus de tout le reste.

Et gare aux bus qui se déportent pour dépasser les rickshaws où s’entassent des enfants rentrant de l’école.

Et aux 4×4 qui se déportent pour dépasser les bus qui dépassent les rickshaws…

Qui évitent les troupeaux de bufflonnes sortant d’un bois et traversent subitement au milieu de camions et tracteurs.

En mode sueurs froides conjuguées à une météo épouvantable, je commence à grelotter de la tête aux pieds.

Et si on se prenait un arbre en travers, dans le meilleur des cas, ou sur la tête, dans le pire ?

Vu la végétation qui jonche la route à présent et la courbure imposée aux cocotiers, plus rien ne m’étonnerait…

« Tu vois, j’t’avais bien dit qu’on arriverait avant la nuit ! On va passer acheter deux trois trucs pour manger ce soir 🙂 »

Non, c’est pas possible… c’est pas moi qui ai pu engendrer de tels dingues 🙁

Bien à vous,

Isabelle