« Des rêves de poubelles »

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02/03/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Ça vous arrive de faire des rêves de poubelles ?

Et ben figurez-vous que moi, cette nuit-là, je portais sous le bras une énorme silhouette en carton rigide, genre mannequin en pied.

Tout en slalomant dans la ville à la recherche d’une poubelle, le rêve bien pourri, quoi.

Avouez que c’est pas banal, surtout que je cherchais une poubelle jaune, celle de recyclage, autant vous dire du jamais vu en Inde !

Mais bon, mon rêve semblait se situer en Europe, vu la configuration des routes de la ville que je sillonnais.

Enfin, près d’un pont me semble t-il, je devinais de loin, mon bonheur se dessiner.

Sauf qu’arrivant près d’un des gros bacs à roulettes, j’eus la désagréable surprise de constater qu’il faisait office de… poussette pour enfants.

Je ne sais plus ce que m’a répondu la personne qui la poussait, parce que j’ai ouvert les yeux à ce moment-là, encore en proie à cette hallucination.

Cherchez pas plus loin d’où m’est venu ce rêve.

Dans la matinée, partie initialement planter des palm fruits avec un collègue de travail en haut du canyon longeant la cantine de l’épicerie, je prolongeais l’exercice.

Une fois la plantation effectuée, je me mis à ramasser systématiquement tous les déchets autour de moi.

Car il m’était impossible, en conscience, de fermer les yeux et de tourner le dos, incognito.

Ah ben oui, les canyons, ici, c’est la version locale des gorges que nous avons connus en France quarante ans plus tôt, juste bonnes à y jeter les ordures…

De plastiques, verres, tongs, tissus, barquettes, sans oublier des couches et des serviettes hygiéniques souillées, bien sûr, je remplis deux grands sacs.

C’était ma méditation du matin, les mains plongées dans la matière, avec des gants, of course.

Un geste par jour pour ma planète… là ce sont des mois d’avance que j’ai pris.

Une vache, la rebelle locale, est venue me regarder faire, plongeant désespérément la tête de l’autre côté de la barrière en béton.

J’ai vu passer aussi avec horreur, sur le pont ; tiens un pont, un chien roux aux poils mi-longs qui avait tout l’échine décharnée jusqu’aux os.

Je me suis même demandée comment il pouvait tenir sur pattes et avancer avec de pareilles morsures

Mais bon voilà, il était près de midi et je commençais à me sentir très fatiguée, pas le temps ni le courage d’alerter les amis du refuge pour chiens.

Vous m’expliquerez comment vous auriez choisi, vous, entre deux situations de merde

Bref, j’ai fait ma part, tiré les sacs vers la barrière, puisque j’avais du coup ramassé tous les déchets le long de la route en prime, et me suis envoyée un lemon soda.

Après la pause, me suis empressée de prendre soin d’un cadeau sauvé du tas d’immondices, un don du ciel, je vous dis.

Deux pieds de tomates avait vu le jour, sans soin, sans eau et sans aide !

Immédiatement repiqués au milieu de ceux qui grandissent en pots, je vous promets que je vais les bichonner mes rescapés !

Bien à vous,

Isabelle