« J’en confesse, Monsieur le Curé »

06/01/2013 Bonjour à toutes et à tous,

Voies

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J’en confesse Monsieur le Curé, vos propos m’ont dérangée.

D’ailleurs n’était-ce pas le titre de votre billet « Dérangez-moi ! » dans le Guide de la paroisse, généreusement déposé dans ma boîte aux lettres ?

Vous citez les propos d’un bon prêtre, selon vos dires (fichtre, y en aurait-il de mauvais ???)  présentant Dieu comme un père de famille, et qui rappelait le souvenir de son père incitant femme et enfants à venir le déranger et lui dire bonjour alors qu’il écrivait, enfermé dans son bureau.

Cela lui donnait du courage de se rappeler pour qui il travaillait.

Tout ceci m’a remplie d’allégresse, à la mode d’Épinal et de ses images, plutôt…

L’église est la famille des familles, écrivez-vous encore en citant jean-Paul II, dans ses propos datés de 2000.

Ben oui, Monsieur le Curé, sauf que 13 ans plus tard, ce discours a plutôt des odeurs de naphtaline, genre vieux manteau ressorti du placard.

Dans la vraie vie de notre petit village, ignorez-vous que des courbes s’inversent doucement mais sûrement, par exemple à l’école laïque ?

Il y a eu une grande première à la rentrée 2011-2012, on a répertorié la première classe affichant une moyenne d’élèves issus de familles mono-parentales supérieure à la famille traditionnelle.

Comme quoi les temps changent et les mentalités avec.

Du moins je l’espère.

Je me souviens du temps où l’on stigmatisait ces familles d’un autre genre en les apostrophant avec ces mots :

« Vous les familles monoparentales… » ou « Les enfants issus de familles monoparentales… », uniquement sur un ton critique d’ailleurs.

Peut-être Monsieur le Curé vous faudra t-il un jour élargir vos propos et évoquer aussi des familles recomposées, homoparentales, que sais-je encore ?

Savez-vous qu’il existe plein de gens heureux dans des familles autres que celle de votre référence ?

On peut très bien élever seule ses enfants en bonne mère de famille aussi, avec beaucoup plus d’amour à partager que dans un couple traditionnel qui se déchire au quotidien…

Et puis il y a une dernière chose très importante à laquelle je voudrais vous répondre.

Il y a un gouffre qui sépare nos deux vocations : je suis femme et mère.

Et je n’ai pas souvenir  d’avoir pu dire, ni même aurait jamais le loisir, voire le luxe de dire un jour à mes enfants : « Dérangez-moi ! »

Parce que dans la vraie vie de femme doublée de mère, on a plutôt tendance à souvent radoter des trucs dans le genre « S’il te plait oublie-moi 5 mn… » ou « Mais tu es encore dans mes pattes… » ou « Vas demander à ton père » s’il est dans le coin !

Parce que vous savez, non vous ne savez même pas, avec le boulot à l’intérieur : les gamelles dans la main droite, le petit qui chougne sur le bras gauche, le second qui a besoin de réciter sa poésie, quand il n’y en a pas un troisième qui cherche ses chaussettes en retournant toute la corbeille de linge, voire un quatrième…c’est pas toujours de la tarte de se faire oublier.

Pas comme dieu (qui) souhaite qu’on le dérange (…) ça lui donne du courage et il se souvient de nous.

Et moi je me prends à rêver d’un petit écriteau que je me placerai sur le front

« Ne me dérangez-pas ! »

Toutes les femmes qui ont élevé des enfants et vécu un épisode de vie de famille en couple, d’ailleurs rêvent de ce petit moment de déconnection qu’elles vont pouvoir s’offrir, sans que rien ni personne ne les dérange 🙂

Pour compléter notre échange, après le le bon prêtre, le bon père de famille, je vous propose de rajouter la bonne mère de famille, ben oui, ils y étaient tous dans la crèche il y a peu non ?

De même, n’écrivez plus Mademoiselle en haut de vos articles, ce terme n’a plus court en France 🙂

 

Bien à vous,

Isabelle