« La beauté des fêlés »

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01/02/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Le message ne pouvait être plus clair, la communauté brille de la beauté des fêlés.

A l’instar des céramiques japonaises brisées et réhaussées d’or, le kintsugi est l’art de la réparation.

Ainsi, certains, nouvellement arrivés à Auroville, voient de la beauté de partout.

Ça doit faire partie de la magie des lieux ou du moins de l’idée féerique qu’on s’en fait.

Pour peu qu’on ait découvert avant, dans les livres ou en ligne, tout ce qui s’y rapportait, d’officiel ou pas, c’est gagné.

En tous cas, je me souviens de mes premières impressions en arrivant à Auroville.

Ce qui m’avait impressionné surtout, c’était ces tonnes de béton qui vieillissaient si mal, la nature reprenant ses droits au milieu de tout ça.

Pour info, on estime que la durée de vie du béton se situe entre 50 et 100 ans.

Voilà, nous sommes entrés ici dans la cinquantième année, donc tout va commencer à se dégrader, car il n’existe pas de solutions pour pallier à la vétusté du matériau.

Autre découverte que je fis, beaucoup de bâtiments semblaient très old school et toujours dans leur jus.

Effectivement, des projets d’architectes has been côtoient d’autres non aboutis, combinaison d’originalité et d’improvisation en la matière, tout semble possible.

Et quelle solution apporter au patrimoine bâti qui, de façon générale, présente un réel manque d’entretien ?

Il se peut que parfois les finances aient été affectées à un autre usage ou qu’elles manquent, pour d’autres, la rénovation s’est arrêtée là.

Enfin, les bâtiments peuvent aussi avoir trouvé une seconde destination.

Bref, Auroville, le laboratoire d’expériences tel que décrit par Mère, est en perpétuelle recherche, et qui, mieux que les résident·e·s peut le savoir ?

Alors, voir de la beauté de partout et dans tout, embellir la situation, c’est peut-être juste manquer d’un peu de recul et de connaissance.

Non, objectivement, nous ne sommes pas toutes et tous des artistes créatrices et créateurs de beauté, ce serait très présomptueux.

N’oublions pas que Mère a initialement et pragmatiquement misé sur le travail, à Auroville, pour la réalisation personnelle, c’est moins racoleur.

De même, les personnes agissant les mains dans la boue, les champs, les déchets, suant sous la chaleur ou trempés par la pluie, ne partagent sans doute pas la même extase.

Auroville brille de tant d’humbles visages, invisibles au regard, de ceux qui rayonnent de l’intérieur, sans jamais espérer, un jour, en tirer une quelconque reconnaissance.

Bien à vous,

Blessed are the cracked, for they shall let in the light. Groucho Marx

Isabelle

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