« La dernière des filles s’en est allée »

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11/08/2022 Bonjour à toutes et à tous,

La dernière des filles s’en est allée, la tatan Minoque comme disait mon papa en privé, inversant les syllabes de son prénom.

Je me souviens même qu’une fois mon petit frère a vendu la mèche en public, classique…

Elle est donc partie à 95 ans, 5 ans après sa soeur, ma maman, juste née après elle dans la fratrie.

Cette soeur à qui elle remontait souvent le moral parce qu’elle était facilement pleurnicharde, dixit ma mère.

Ne reste plus qu’un frère de cette grande fratrie jurassienne de 11 enfants disséminés à travers la France par les aléas de la vie.

Pour échapper à la condition paysanne certaines des filles avaient marié des ouvriers ou des artisans.

D’autres, après l’enseignement ménager, étaient vouées à devenir les boniches de la bourgeoisie parisienne, sélectionnées avec soin par le comte du village qui les réservait à sa famille.

Quant aux aînés des garçons, comme dans toute bonne famille chrétienne qui se respecte, ils étaient orientés vers le séminaire.

Qu’ils y fassent carrière ou pas par la suite, cela leur assurait toujours l’assurance d’études supérieures assorties d’une bonne culture générale.

Ma mère et sa sœur donc, toutes deux boniches à Paris mais dans des familles différentes, n’avaient même pas l’autorisation de se voir en dehors du travail…

Esclavagisme moderne.

C’est cette même chère tante qui paraît-il m’accueillit chez elle juste avant la naissance du futur bébé qui s’annonçait dans la famille.

J’allais alors sur mes dix-huit mois.

D’ailleurs je n’ai toujours pas compris pourquoi on m’avait ainsi parachutée jusque dans le Jura, me coupant de ma maman, de mon papa et de mon grand-frère?

Enfin apparemment le séjour s’est bien passé, en témoignent les courriers que ma tante expédiait régulièrement à mère.

Ah oui, c’était du temps où le téléphone n’équipait pas encore toutes les maisons !

Bien à vous,

Isabelle

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