« Ô bruit doux de la pluie »

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30/07/2022 Bonjour à toutes et à tous,

« Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie ! »

Il y a quelques jours, j’ai fait des recherches à propos de ce canon appris en colonie, la première fois que je suis partie.

J’avais alors 7 ans et un immense cafard de petite fille expédiée à l’autre bout de la France, en Bretagne, à la place de mon frère malade quelques jours avant le départ…

Bon, on ne faisait pas vraiment dans le sentiment à la maison.

Et plutôt que de perdre la somme déjà engagée, j’avais été désignée, bien malgré moi, d’office et sur le champ, pour monter dans le bus.

Parcourir 1000 km en une douzaine d’heures, premier choc, le reste du séjour serait malheureusement du même acabit…

C’est étrange cette impression de constater, des décennies plus tard, que je ne conserve trace de ce séjour qu’à travers… des chants.

Ben non, il n’y a jamais eu de photos de groupe, mais peut-être reste t’il quelques lettres envoyées à maman, dans mes albums familiaux en cours.

Mais à 8000 km, c’est dur de vérifier dans lesdits albums à présent !

J’ai donc toujours en mémoire ces rengaines bien tristounettes pour remonter le moral de quelqu’un·e qui venait de découvrir le verbe languir…

« Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie ! »

Ainsi, je n’ai découvert que très récemment l’origine de ce canon, extrait d’un poème.

Verlaine, Paul de son prénom, a ainsi écrit ce texte, en proie, sans doute, à un profond désespoir car emprisonné après avoir tiré sur son amant, Arthur Rimbaud…

« Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine ! »

Paul Verlaine – Romances sans paroles (1874)

Bien à vous,

Isabelle

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