« Requiem pour la petite fille qui n’a pas été »

03/06/2012 Bonjour à toutes et à tous, 

Requiem pour la petite fille qui n'a pas été - Crédit photo izart.fr

Requiem pour la petite fille qui n’a pas été – Crédit photo izart.fr

L’auto-greffe ne veut pas prendre, il faut pourtant qu’elle refasse du tissu, tissu pour couvrir la plaie, combler la béance, béance de l’absence, béance de l’amour…

Requiem pour la petite fille qui n’a pas été.

 » Je suis en train de refaire du tissu, dit-elle, comme pour s’en convaincre, j’ai même failli me perdre et je me suis retrouvée car je n’ai jamais cessé d’avoir confiance, de  faire confiance et d’aimer la vie. »

« Merci papa, merci maman, j’en veux pas à mon père, j’en veux pas à ma mère, sans vous je n’aurai pas été toute celle que je suis, reprend t-elle encore, toute celle qui palpite, toute celle qui crépite, serrant ses petites étincelles de rien du tout dans ses menues mains . »

Sur le doux visage de papa, l’absence ; la douce voix de maman s’étrangle.

Deux petits qui pleurent, improbables spectateurs derrière la porte.

« Papa ! maman ! Ramenez la paix en moi, cessez de vous déchirer en moi, nourrissez d’amour ma chair d’enfant, ne vous l’arrachez pas, je ne peux pas joindre les deux rives de ma vie, elles m’échappent tour à tour, leur dira t-elle encore bien des années plus tard,  j’ai pas été brillante à l’école, j’ai pas été le trip de vos rêves, pardon, je pouvais pas, j’étais déjà brisée, j’avais déjà mal à ma vie, j’avais mal à votre vie, j’avais mal à notre vie… »

Je la vois bien la petite qui repart, elle renifle un bon coup, s’essuie les yeux d’un revers de manche et reprend son chemin en serrant un p’tit caillou dans sa poche.

« J’avais rêvé d’une enfance douce et aimante, finira t-elle par lâcher, je l’ai reçue dure et violente, heureusement que des papillons, des fleurs, des arbres, des forêts, des rivières, des montagnes, des oiseaux et leurs chants émerveillaient mes rêves ».

Bien à vous,

Isabelle