« Un élégant manteau de lin »

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27/12/2022 Bonjour à toutes et à tous,

Ma mère avait un jour acheté un élégant manteau de lin grège, pour porter à l’occasion d’un mariage.

Elle était, pour l’occasion, également passée chez le coiffeur, pratique pas du tout dans ses habitudes.

J’eus les cheveux coupés au carré vers l’âge de 10 ans, à l’occasion de mon entrée en 6ème.

Jusque là, nous devions retenir nos cheveux longs, ma sœur et moi, tant bien que mal avec des espèces de bandeaux aussi moches qu’inefficaces.

Ils se détendaient aussi rapidement que les élastiques de nos culottes pur coton !

Ma mère remèdiait au problème en piquant plusieurs longueurs de caoutchouc sur la ceinture de celles-ci, c’était pour le moins peu esthétique.

Peu après ; c’était l’époque, est arrivé dans nos vies le miracle du plastique.

C’était exactement comme ce qui se passe aujourd’hui en Inde : quand on découvre le plastique, c’est fantastique…

Depuis on a changé de discours, le plastique c’est catastrophique.

Dans un placard de notre cuisine trônaient déjà les premières boîtes, du bas de gamme, la maison ne pouvant s’offrir les rutilants Tupperware qui commençaient à faire fureur.

Aussi moches que colorées, bien vite déformées, fissurées, dépareillées, de plus ces boîtes s’imprègnaient d’une odeur horrible avec le temps.

C’est donc à grand renfort de caoutchoucs pour maintenir l’ensemble que les couvercles s’emboîtaient approximativement.

Avant que le tout ne finisse au fond d’un sac plastique, au cas où…

Mais on a toutes et tous connu et maudit l’écoulement de gras, de sauce ou de sirop, dans le panier du pique-nique.

Nous étions aussi tous quatre vêtus à cette époque de polos à manches courtes et poches poitrines, avec trois boutons sur la pâte de boutonnage.

Couleurs primaires et criardes, taillés dans un nylon fluide qui réjouissait ma mère, ces vêtements sitôt lavés, sitôt séchés ne nécessitaient aucun repassage, qui dit mieux ?

Mais alors je ne vous dis pas l’inconfort de ce tissu, transpiration excessive, démangeaisons, effet collant…

En tous cas je détestais presque tous les vêtements dont on me couvrait, ils me couvraient surtout de honte tant ils me différenciaient de mes camarades.

Quant à ceux qui avaient appartenu à mon frère une saison auparavant, je n’en parlerai même pas…

Je devais avoir 15 ans quand ma mère me laissa enfin le choix d’une paire de jeans, imaginez ma joie !

Me souvenant dans quel accoutrement parfois je récupérais mes kids qui avaient séjourné chez leur grand-mère, j’en rigole maintenant, mais pas vraiment sur le moment…

Elle avait gardé les mêmes habitudes.

Cinq ans, presque jour pour jour, qu’elle a quitté son corps, c’est sans doute pour cela que des souvenirs réapparaissent.

Mais finalement tant mieux, notre mémoire ne sélectionne que le meilleur, pour le reste, il faut creuser un peu plus.

Bien à vous,

Isabelle

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