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« Grand-père tu peux être fier »

10/11/2012 Bonjour à toutes et à tous,

Il était près de 13:00, cela faisait 3 heures que nos vies s’étaient croisées et se mêlaient à présent.

Nous étions au café du village pour clore la cérémonie autour d’une boisson chaude.

Invités par celui qui, quelques minutes auparavant, les larmes aux yeux et la gorge serrée, nous faisait le récit de son terrible témoignage

Alors âgé d’une dizaine d’année en 1940, il jouait avec un camarade dans la cour quand arriva en courant un être qui l’impressionna fortement.

Il était noir de peau !

Jamais de sa vie il n’avait rencontré pareil personnage dans sa vie à la campagne !

Mais l’homme visiblement pris de panique, repartit aussitôt…

Peu après, l’enfant apprit l’horreur qui venait de se dérouler dans le village.

50 Tirailleurs d’origine africaine avaient été fusillés par les troupes de l’armée d’occupation…

Très humblement, il avait tenu à assister à la Cérémonie ce Samedi 10 Novembre, en hommage au courage de ces hommes.

Et à cet homme qu’il aurait tant aimé retrouver…

Son émotion était d’autant plus forte que parmi nous, il y avait aussi, venu avec une amie, un jeune homme d’origine sénégalaise qui n’avait jamais connu son grand-père.

Tirailleur, mort  au combat, il n’allait lui-même jamais connaître celui qui, quelques mois plus tard, allait devenir son fils…

Parfois, au carrefour de nos vies, les événements rattrapent l’histoire.

Un prêtre qui avait passé 40 ans au Niger anima la célébration interreligieuse.

Première étape du 70ème Anniversaire de l’Inauguration du Tata.

Puis on déposa de l’eau, des fruits et des fleurs symboliquement dans l’enceinte de terre sacrée.

C’est là ensuite, qu’un nonagénaire à la mémoire extraordinairement fraîche, accompagné de son fils, vint à notre rencontre.

Il nous apporta ses souvenirs de vie, de guerre, les partageant avec ceux qui les avaient vécus aussi.

Et nous étions également deux à honorer chacune le souvenir d’un grand-père Tirailleur durant la guerre de 1914-1918.

De simples paysans pour la plupart, d’ici ou d’ailleurs ont retrouvé la terre un jour dans une autre région.

Ou dans un autre pays, saignée, tranchée, muée en un champ de bataille, gorgée de douleur, gorgée de cadavres…

Puisse l’hommage de ce jour être un puissant écho de paix pour les générations futures, nous en portions tous l’émotion.

Bien à vous,

Isabelle