« 4:00 pour elle et 3:00 pour moi »

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19/10/2023 Bonjour à toutes et à tous,

4:00 pour elle et 3:00 pour moi, du matin bien sûr.

C’était notre heure de coucher à chacune ce jour-là.

Et l’on se croise toutes en courant d’air, comme des abeilles affairées, en échangeant quelques infos fraîches avant de repartir au galop.

A l’occasion, on se congratule mutuellement pour le boulot qu’on fait silencieusement dans l’ombre et dans la nuit.

Je crois que c’est mon âme de résistante qui me donne l’énergie de contrer les injustices ici aussi, à Auroville.

Cela consiste en ce moment à continuer de filmer, continuer de photographier, continuer d’archiver, continuer d’instruire, continuer de transférer…

Continuer à rager aussi, continuer à désespérer, continuer à maudir, continuer à fumer, continuer à râler, continuer à maugréer…

L’autre jour, j’ai encore fait des dizaines de clichés d’arbres coupés, mutilés, arrachés, de terre saccagée, éventrée, rasée, laminée.

Mais dieu que je suis parfois fatiguée voire découragée, il faut bien l’avouer, et c’est un sentiment que d’autres partagent aussi en ce moment à Auroville.

En effet, en d’autres lieux de la ville des personnes s’impliquent aussi ; trop peu de toute évidence, alors que de toutes parts Auroville n’est qu’un énorme chantier inachevé.

Serait-ce le signal d’une fin de règne quand on voit à quelle vitesse la folie se propage chez les commanditaires de cet indescriptible chaos ?

Encore heureux, c’est Mère qui aura de toutes façons le dernier mot, quoi qu’on dise ou fasse… gare au retour de manivelle.

Son nom est revendiqué au nom de tant de mensonges, tant d’argent et tant de pouvoirs que j’aurais vraiment peur si j’étais impliquée là-dedans.

Elle, tellement présente de partout, ici, comment peut-on agir autrement qu’en résonnance avec ce qu’elle attend de nous ?

Bref, pendant ce temps-là, d’autres continuent à œuvrer en connexion et en conscience, d’alimenter le feu, d’engager des actions positives, de multiplier les actes bienveillants.

Tout est intimement lié, tout est interdépendant, l’intention est ici, act now !

Et puis l’instant d’après, soudain, voilà qu’une belle et inconnue fleur s’offre à mes yeux, qu’un papillon ouvre et ferme ses ailes comme des mains jointes.

Voilà qu’ailleurs monte un délicieux parfum sur mon chemin dans le matin naissant.

Voilà qu’un oiseau de paradis m’offre le plaisir de le voir s’ébattre dans la coupe d’eau posée sur ma terrasse.

Parce que Auroville c’est ça aussi.

Bien à vous,

Isabelle