« A l’école de la consommation »

09/02/2015 Bonjour à toutes et à tous,

A l'école de la consommation - Crédit photo izart.fr

A l’école de la consommation – Crédit photo izart.fr

– 1 cahier grands carreaux 98 pages 24 x 32
– 3 classeurs souples
– 1 paquet de feuilles grand format petits carreaux perforées
– 1 paquet de feuilles blanches perforées
– 1 paquet de feuilles blanches grands carreaux perforées
– 12 intercalaires souples ou rigides, c’est selon…
– 2 classeurs rigides 24 x 32
– 4 pinceaux Raphaël n° 6, 8, 19, 12
– 4 cahiers petit format grands carreaux
– 1 calculatrice graphique de marque…

Ça ne vous rappelle rien ?

Des heures de prises de tête devant les rayons à chercher l’introuvable

Avec des notes à rallonge, un poids indescriptible, des articles qui ne correspondent pas et des listes fournies le jour-même de la rentrée par des professeurs négligeants retardataires ?

Et des cahiers en fin d’année scolaire utilisés au 1/20 ou au 1/10.

Des feuilles de classeur qui servent alternativement aux prises de cours comme de brouillon, avant de finir définitivement à la poubelle

Un jour, j’en ai eu marre de ce gaspillage sans nom.

Alors j’ai commencé à n’acheter que des cahiers « minces ».

C’est vrai que ça a mis parfois mes enfants en situation délicate, de déroger délibérément aux consignes.

« – Et la prof elle ne va pas vouloir… tous les autres l’auront acheté et pas moi… et pourquoi tu fais comme ça…

– S’il y a un problème, je prends rendez-vous de suite avec la prof, ne t’inquiète pas je vais lui expliquer que je n’ai pas les moyens de gaspiller moi ! »

Et puis, nous nous sommes rendus compte très vite que ça passait très bien.

Aucune remarque, aucune pénalité.
On renouvellerait les cahiers si besoin.

Il n’y a jamais eu besoin…

J’avais même coupé les pages utilisées de certains cahiers de l’année précédente, pour remettre ceux-ci en circulation !

Quand une de mes amies dans un lycée me parle de son découragement vis à vis du gaspillage généralisé des profs, je comprends tellement son impuissance…

C’est au tarif d’une feuille blanche qu’on attrape dans la photocopieuse pour noter 3 mots et puis qu’on froisse ensuite…

Où d’une machine mal paramétrée et 50 feuilles qui partent d’un coup à la poubelle, même pas par la case brouillons pour utiliser éventuellement le verso…

L’école de la consommation va bien, la chaîne est bien huilée de la direction à la transmission jusqu’aux élèves, je consomme donc je suis !

Un jour, j’ai aussi fait une expérience horrible, celle d’assister au déjeuner des élèves d’un collège.

En qualité d’observatrice pour une Fédération de parents d’élèves, pas par goût.

Des kilos de bouffe non souillée qui prend le chemin de la poubelle avec le reste, plats non entamés, tranches de pain en excès, fruits intacts…

Sans compter ce qui avait été goûté du bout des dents, puis abandonné dans un coin du plateau.

Quant à la qualité des plats, entre cordon bleu sous plastique, brochette de poisson à la sauce indescriptible, et pâtes dégoulinantes de gras, la préférence des jeunes variait entre frites, pâté croûte en tranche épaisse et crème dessert gluante…

Certains n’avaient pris qu’un yahourt sur leur plateau, les parents payant le repas plein tarif, bien sûr !

Oui, l’école de la consommation est très formatrice, j’avais déjà abordé l’idée dans la Petite chronique précédente…

Consommer, gaspiller, piller tout court quand il s’agit de photocopies du travail d’autrui, c’est le message le plus criant de vérité de l’éducation nationale.

Remettre l’esprit citoyen au goût du jour dans les écoles, les collèges, les lycée et au-delà ?

Quelle belle initiative !

Alors allez-y, administration, direction, corps enseignant, montrez l’exemple et le reste suivra !

C’est bien cela, non, le rôle éducatif du Ministère du même nom ?

Mais à chaque remaniement, chacun y va de sa réforme, secrètement rêveur de lui donner son nom, à défaut d’efficacité…

Ben oui, être citoyen, ça commence au quotidien, dans son comportement au volant, tiens par exemple, ou en ne soustrayant pas volontairement aux taxes et impôts en vigueur dans le pays nourrisseur.

L’école de la citoyenneté en opposition à l’école de la consommation, à l’heure où 180 milliards d’euros seraient passés dans des paradis fiscaux, grâce à la fraude fiscale organisée par des banques au profit de 200 pays, ça laisse rêveuse…

Bien à vous,

Isabelle