« Grincheux revient à la charge »

Vous avez aimé :

03/02/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Bonjour mademoiselle…tiens, grincheux revient à la charge, j’en suis certaine quand il m’aborde comme ça.

Exercice numéro 1, rester calme avant toute chose.

Bonjour, je lui réponds brièvement.

Tu sais qu’il est interdit de jeter les invendus en France ? commence t-il de sa voix doucereuse.

Exercice numéro 2, le caresser dans le sens du poil.

Oui, bien sûr, heureusement, hein… je lâche dans un demi-sourire d’approbation.

Il y a même une loi maintenant qui est passée et elle interdit de détruire l’alimentaire dont la date est dépassée, continue t-il.

Exercice numéro 3, le laisser étaler sa science.

Tout à fait, j’ai même travaillé à une antenne du Secours Populaire et nous effectuions des maraudes dans les grandes surfaces locales pour les plus démunis, que je lui réponds, le sentant bien venir.

Ah oui, je vois que tu connais le problème alors, parce que tu vois, cette vieille femme qui mendie sur le parking, elle a faim…

Exercice numéro 4, le laisser préparer son effet.

Tu sais ce qu’on en fait de nos invendus à l’épicerie, d’ailleurs ? que je lui glisse.

Ah non… tiens Monsieur je sais tout a une faille.

Exercice 5, retournement de situation.

Et bien les invendus sont stockés et repris par les fournisseurs, tu vois, pas de pertes chez nous, je souris intérieurement.

Ah ben c’est bien alors… qu’il bredouille.

Exercice 6, lui couper l’herbe sous les pieds.

Et d’ailleurs cette femme dont tu me parles, j’imagine que tu la connais, tu connais ses besoins ? que je lui demande.

Ah mais pas du tout ! se défend t-il.

Exercice 7, savourer l’expression « perdre l’occasion de se taire ».

Alors je t’apprends qu’elle n’est pas dans le besoin, elle a une famille qui prend soin d’elle, simplement elle a un trouble cognitif, genre Alzheimer… j’ai lâché.

Ah d’accord, qu’il répond d’une petite voix étranglée en s’éloignant.

Exercice 8, savourer son score personnel.

Franchement, je m’améliore !

Toutes les fois que je le vois arriver, sifflant comme un serpent, je sais que c’est un exercice pratique qui m’attend.

Ne pas s’énerver d’emblée, abonder dans son sens, le laisser se donner de l’importance, et puis soudain contre-attaquer, et en deux phrases l’envoyer au tapis, bingo !

Je le regarde partir de son pas lourd, mal assuré, les épaules tombantes, la casquette vissée sur des cheveux crasseux.

Un jour ce sera ton tour, que je ne peux m’empêcher de penser en le regardant choir lourdement sur la selle de sa moto, péniblement enjambée avant de quitter le parking…

Je sais, c’est pas bien, mais pour quelqu’un annonçant à tout bout de champ que ça fait 40 ans qu’il réside à Auroville, ça dénote un peu avec l’idéal que Mère a insufflé à la ville.

Sur ces bonne paroles, m’en vais retourner en cuisine débiter des luki en cubes, y’a une pénurie de petites mains là-bas ce matin !

Bien à vous,

Isabelle

[dp_product id=1 domain=0]