« J’ai trouvé la solution »

26/04/2015 Bonjour à toutes et à tous,

Ecole saint Polycarpe - Lyon

Ecole saint Polycarpe – Lyon

J’ai trouvé la solution… qu’il m’a dit, et quelle solution !

En lui passant la main autour du cou pour l’embrasser, j’ai senti qu’il avait quelque chose de collé sur son pull.

Après avoir jeté un coup d’œil discret dans son dos, j’ai aperçu une étiquette avec son nom et numéro de chambre notés dessus.

Ben oui, il a acquis une solide réputation de papy fugueur, à l’étage.

Surtout qu’il est toujours allé et venu comme bon lui semblait, jusqu’à ces 86 printemps…

Le printemps, voilà sans doute ce qui le démange, mais là, il risquerait de ne jamais retrouver le chemin du retour, un peu comme les abeilles.

Et tandis que je me gare avant de le rejoindre ; je fais les navettes entre domicile et hôpital pour préparer du linge toutes les semaines, quelqu’un m’appelle dans la rue.

Je reconnais un ami qui m’annonce un décès survenu dans sa famille.

La dernière fois que nous nous sommes vus, nous avons évoqué nos proches vieillissant avec difficulté et le souci que cela générait dans les familles pour faire face à… l’ingérable.

Pas de chance, chez lui, c’est la personne entièrement dévouée à l’autre, malgré son grand âge, qui a fini par partir en premier…

Trop de fatigue, trop de souci, trop de responsabilité, et malgré les conseils et les mises en garde de l’entourage qui n’ont pas manqué, voilà que celui des deux qui veillait, soignait, pansait s’en est allé prématurément.

De mon côté, je console et remonte le moral de ce vieillard à la une de cette Petite chronique, qui commence surtout à trouver le temps long, arpentant sans but les couloirs de l’hôpital.

Et lui promets de revenir avec un bloc de papier, des enveloppes et des timbres puisqu’il « n’a même pas 10 balles sur lui pour aller faire ses courses… ».

Tout en demandant poliment à la secrétaire de nous céder quelques feuilles blanches de sa ramette en attendant mon prochain passage !

La course contre la montre, pour trouver une place dans un établissement susceptible de l’accueillir, est bien pénible pour tous.

Car pendant ce temps-là, il patiente de plus en plus mal à l’hôpital.

Le gouvernement a annoncé prendre des mesures pour l’accueil des seniors, et notamment la mise en place de structures alternatives.

Entre le logement indépendant organisé autour d’une cellule de vie commune, les villages groupés intergénérationnels, l’accueil en famille volontaire, le retour de multiples expériences déjà testées s’avère plutôt concluant.

Le passage du domicile à l’EHPAD semble maintenant moins systématique, pourvu qu’il soit envisagé assez tôt et de façon consciente une alternative adaptée.

De quoi rassurer un peu tous ceux autour de moi qui vivent dans l’angoisse de ces fins de vie pas vraiment choisies.

Tout reste à inventer avec la population vieillissante, à moins de pouvoir se délester de 3 ou 4 milliers d’euros mensuels pour trouver immédiatement et mieux conçu, dans le secteur privé.

Autant vous dire que l’héritage file vite à ce régime !

N’empêche que, lors de mon dernier passage, il m’a glissé discrètement « J’ai trouvé la solution, moi, je vais refaire ma vie, ça réglera tout… »

Ding ! Vous êtes arrivés au 4ème, attention à l’ouverture des portes !

Bien à vous,

Isabelle