« Les tronçonneuses sont arrivées »

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26/08/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Les tronçonneuses sont arrivées - Crédit photo izart.fr
Les tronçonneuses sont arrivées – Crédit photo izart.fr

A 6:15 les tronçonneuses sont arrivées.

Les tronçonneuses sont arrivées, suivies d’un bulldozer.

Les tronçonneuses sont arrivées, suivies d’un bulldozer puis d’un tracteur et sa remorque chargée d’ouvriers, qu’il amenait le chantier.

Nous étions six témoins de la scène à ce moment-là, entourant le dernier neem tree rescapé de la folie meurtrière des hommes.

L’alerte ayant été donnée la veille, j’avais modifié mes habitudes du matin, et ma présence serait sur le terrain, non dans la chambre du Matrimandir.

L’une d’entre nous s’était équipée de ficelle, de ciseaux et d’un ancien calendrier à l’effigie de Sri Aurobindo et de Mère.

Nous avons symboliquement ceinturé l’arbre de ces portraits tandis que les engins de mort progressaient dans notre direction.

Et puis soudain, après un moment d’observation silencieuse et mutuelle, les fossoyeurs ont fait demi-tour.

Quelques rares autres personnes sont venues nous rejoindre, et nous avons regardé le soleil se lever sur le Matrimandir.

Après un rapide tour de terrain, nous ne pouvions que déplorer les trous béants laissés par les derniers arbres arrachés, certains la veille, et dont il ne subsistait plus qu’un amas de racines.

Combien de sexagénaires, de septuagénaires ont-ils été ainsi violemment arrachés à leur terre, puis sauvagement débités à la tronçonneuse.?

A mon retour, j’ai rapidement survolé Google Maps pour faire des copies d’écran d’avant le carnage, quand toutes les silhouettes rondes et vertes peuplaient encore le paysage.

En temps voulu, nous pourrons ainsi faire un état des lieux, ayant pris de nombreux clichés sur place ce jour.

Mais pour l’heure il me fallait partir arroser le jardin qui souffrait beaucoup de la chaleur de ces derniers jours.

J’avais prévu de retourner dans l’après-midi prendre le relais auprès du neem tree.

Mais j’avoue que l’énergie mortifère du lieu m’a épuisée, le stress de l’arbre était palpable, alors j’ai renoncé à mon projet.

Le soir j’ai reçu une magnifique photo de sa silhouette se détachant sur fond de coucher de soleil.

Demain nous serons là-bas de nouveau, c’est sa dernière chance.

Bien à vous,

Isabelle