« Une chose bien plus importante »

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24/05/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Une chose bien plus importante - Crédit photo izart.fr
Une chose bien plus importante – Crédit photo izart.fr

Certes, j’aurais eu mille et une choses à vous raconter, mais je n’y arrive pas, car il est arrivé une chose bien plus importante.

Notre ami J. vient de quitter son corps, à l’aube de sa cinquantième année.

On aurait pu croire que ton retour avait été programmé pour cela.

Hélas, ton retour à Auroville aura été de courte durée.

Quand je t’avais revu, avançant vers moi dans un état de maigreur inquiétant, c’était évident qu’un problème médical t’affectait.

Tu m’avais alors expliqué tes ennuis de santé contractés, une fois arrivé aux États-Unis.

On s’était quitté, toi et toute l’équipe des volontaires oeuvrant à EcoService, la déchetterie d’Auroville, peu après le lockdown.

En même temps que tu annonçais ton départ, tu avais apporté un grand sac d’esquimos pour régaler toutes les amas et les quelques volontaires qui restaient encore.

Et puis tu nous avais remis ta besace, une petite pochette et ton foulard, en précisant que ça ne te servirait plus là où tu t’envolais.ere

On avait mis tout ça dans la machine à laver, avec d’autres vêtements, pour les remettre en service.

J’avais juste ôté du sac la petite poupée tsunami que tout le monde connaît à Auroville.

C’était ton souvenir, je l’avais épinglée à mes rideaux, dans la chambre que j’occupais à l’époque, à côté de mon badge « L’art d’être audois.es » décroché de mon sac à dos.

J’en avais quelques autres comme cela, que je conservais symboliquement dans ces moments de vie bien chaotiques.

Ce dont je me souviens aussi, c’est que ton prénom t’avait été donné par Mère, un prénom étonnamment français.

Des personnes côtoyées à la déchetterie à cette époque, très peu sont revenues à Auroville.

A vrai dire, seules celles qui ne sont pas parties sont restées, sans faire de pléonasme.

Puisqu’évidemment les gens partaient en catastrophe, sans date de retour, et on se disait adieu sans aucun espoir de se revoir.

Cependant tu es revenu, et c’était un grand bonheur que de te retrouver en pleine action, à gérer, par exemple, les son et lumière lors des meetings.

La dernière fois que je t’ai aperçu, la maladie, hélas, semblait effectivement avoir repris le dessus.

Nous espérions toutes et tous que tu reprendrais pied, il en a été décidé autrement.

Merci de veiller sur nous à présent, où que tu sois, dans la sérénité retrouvée.

Bien à vous,

Isabelle