« Victimes en série »

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11/10/2015 Bonjour à toutes et à tous,

Traditions à Chasselay

Traditions à Chasselay

J’ai du passer pour une aventurière ce soir.

Je le suis peut-être d’ailleurs ?

Pensez donc, me rendre plusieurs fois par semaine sur la plus proche montagne qui domine Lyon !

De ses… 625 mètres, le Mont Cindre et ses acolytes forment effectivement le Mont d’Or lyonnais.

Apparemment un exploit pour l’auditoire de la réunion de ce soir, au village…

Ah non, mais je vous rassure, je n’y vais pas à pied, je prends ma voiture 🙂

Mais cela me prend au moins… 15 mn pour faire 11,7 km et 14 mn sans circulation, me dit-on sur le Net.

A moins que je prenne l’autre itinéraire, et là je mettrai 18 mn pour faire 12,5 km.

Sauf que, sauf que, je n’emprunte pas une ligne droite pour parcourir cette distance.

Et en plus, je grimpe à la montagne, avec des routes un peu sinueuses, quel périple !

A ben oui, il aura fallu quitter la douce vallée de mon village pour atteindre des sommets que peu, apparemment, sont prêts à gravir…

C’est dingue comme l’imaginaire peut faire fantasmer.

Et fausser la réalité.

Pour ma part, je me sens plus en sécurité sur les hauteurs qu’en bas, dans la vallée au pied des montagnes.

Un réflexe reptilien sans doute emprunté à nos ancêtres qui utilisaient en priorité les crêtes pour se déplacer, l’horizon dégagé leur permettant d’anticiper un danger éventuel et de circuler avec visibilité par tous temps.

J’ai donc poursuivi ma réflexion un peu plus, sachant que toutes les personnes présentes à la réunion de ce soir se rendaient au minimum une fois par semaine à Lyon.

Voire tous les jours pour celles qui y travaillent.

Petite comparaison de rigueur 🙂

Premier itinéraire : 16 mn pour effectuer 14,6 km et 15 mn sans circulation.

Second itinéraire : 23 mn pour 18 km et 22 mn sans circulation.

Troisième itinéraire : 23 mn pour 18,4 km et 22 mn sans circulation.

Sachant que le premier itinéraire emprunte une nationale et une autoroute, on a l’impression que c’est facile, sans peine, sans contrainte.

Mais aux horaires de travail, c’est le double de temps que vous mettrez, il vous faudra alors entre 45 et 50 mn de plus…

Donc, pour tous ces gens-là qui se rendent à Lyon au quotidien en voiture individuelle, c’est plus pénible que pour moi de grimper plusieurs fois par semaine dans la montagne !

Tout en étant dans les mêmes valeurs de distance et de temps…

Ah ben oui, il existe aussi des transports en commun pour se rendre « en ville ».

Mais cela implique aussi des désagréments d’horaire, de correspondance, de voisinage, de confort…

Comme si l’illusion de vivre sans contrainte nous faisait croire qu’on vit mieux.

Elle a surtout un prix cette illusion, le prix de la dépendance.

Un goût amer qui voudrait se donner un goût de liberté, alors que tous s’en réfèrent aux mêmes objectifs.

Qu’il s’agisse de vêtements, de chaussures, de voitures, de beefsteak ou de yahourts, l’important c’est la marque.

Qu’il s’agisse de voyages, de salaires, de kilomètres, d’heures de vol, l’important c’est le nombre.

Jadis, ici, les gens des plaines se rendaient aux fêtes des montagnards, les gens des villes se promenaient sur les chemins de campagne.

Et les campagnes vivaient des villes qui s’approvisionnaient localement.

Il existait ainsi une vie et une activité transversales.

Plus de fêtes, plus de promenades, plus de voisins, plus d’ancêtres, plus de bénévoles, plus de folklores, plus de traditions.

A présent, j’ignore tout du côté du village d’à côté, mais j’ai parcouru le monde durant toute ma vie.

La vie sociale est morte par ici.

La télé est passée par là, qui se terre dans les chaumières.

Elle a fait des victimes en série, rêveurs de liberté.

Bien à vous,

Isabelle