« C’est cassé de partout »

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10/03/2023 Bonjour à toutes et à tous,

Maintenant c’est cassé de partout, qu’elle me dit, désabusée, à la fin du documentaire sur Auroville, tourné en 2008.

De mémoire d’aurovilienne, elle n’a jamais vu la ville dans un tel état de destruction, pourtant son arrivée date d’une cinquantaine d’années.

En effet, j’apprends qu’après avoir vu le documentaire de Louis Malle sorti en 1969, « L’Inde fantôme« , sa décision est prise.

Elle irait en Inde, à Auroville précisément, même si le réalisateur, qui n’a pu obtenir l’autorisation de s’y rendre pour filmer, dénigre l’expérience.

Tout comme il dénonce, de façon plus générale, l’influence hippie de l’époque en Inde, y voyant la destruction des traditions.

Mais le peu de ce qu’il en est succintement dit dans le film à propos d’Auroville l’a séduite, liberté, communauté sans argent, paix…

C’est cela et uniquement cela qu’elle a retenu, l’ayant même plutôt entendu qu’écouté, comme elle le dit elle-même.

Alors elle l’a immédiatement griffonné sur un bout de papier pour ne pas en oublier le nom.

Venue d’Amérique, d’Angleterre en passant par la France ; je ne suis pas certaine de relater ses séjours dans l’ordre, les évènements la conduisent à Auroville deux ans après.

Que reste t-il de l’Auroville présentée danc ce reportage de 2008, se lamente t-elle ?

Mais, comme diront d’autres, on voit déjà dans ce second documentaire, que Mère ayant quitté son corps, les choses ont changé.

Petits arrangements personnels, on trouve des solutions, non avouées souvent, pour satisfaire ses propres besoins, un peu moins chiches qu’aux débuts d’Auroville.

Le tout est toujours bien sûr servi sur fond de dévotion aveugle à la fondatrice de l’Expérience.

Mais les ambitions priment, les nécessités augmentent, les convictions se dissipent, les ego se décuplent.

Il apparaît alors que travailler la matière n’est plus au centre de la ville pour créer l’unité communautaire connue jadis.

Pour en revenir à 2023, les bulldozers ont effectivement rugi en de nombreux endroits et crevé l’harmonie de la ville.

Combien d’arbres mutilés survivront aux profondes tranchées, censées faire place à la route, ensuite ?

Combien de personnes, d’animaux déplacés, de terres, de bâtiments rasés, de béton déversé ?

Personne ici n’est devin, mais la situation continue de se dégrader, alors, Auroville va t-elle basculer du rêve au cauchemar ?

Bien à vous, Isabelle